Jeudi 4 juillet
Départ de Paris, vol AIR FRANCE en 747, direction Johannesburg. 11h de vol sans histoires. Cette fois ci c'est bien parti
!
Vendredi 5 juillet
Après une escale interminable à joburg(bagages non identifiés dans l'avion!) arrivée à Harare à 14H30. Pas de décalage avec la France, c'est pas plus mal! 1500m d'altitude environs, une température fraîche. C'est l'hémisphère sud: nous sommes en hiver!
Naturellement dans un joyeux bordel à l'africaine, mes carabines n'arrivent pas! angoisse! Après quelques palabres et un bon « backshid » le porteur les retrouvent dans l'avion. dédouanement sans histoires. Le pilote de l'avion privé nous attend comme prévu.
Embarquement dans un bimoteur CESSNA 6 places. 1H15 de voyage. Pays magnifique vu du ciel! de l'eau partout, des montagnes, des escarpements rocheux, des grandes zones totalement vierges. C'est une Afrique que je ne connaissais pas et que je découvre. Le plongeon final sur le lac Kariba au soleil couchant nous remplit d'émotion.
Le lac dont aperçoit qu'une faible partie, car il doit mesurer plus de 60Km de long avec des largeurs comprises entre 15 et 35 Km, est d'un bleu parfait. On aperçoit quelques camps de pêche au Tiger Fish et quelques bateaux juste avant l'atterrissage.
Un vieux Land nous attend avec le chauffeur. C'est Afrique: il faut pousser pour redémarrer la batterie ça ne vas pas! 45` de piste à se taper le cul sur les amortisseurs, ça ne vas pas bien non plus! Heureusement les éléphants sont là superbes, majestueux sur le bord de la piste. L'état de la route justifie l'état du land. J'ai rarement rencontré des pistes aussi délabrées. Nous arrivons enfin au camp.
Très beau campement dur, sur une colline surplombant un bras du lac. Les hippos sont en bas pour nous souhaiter la bienvenue. Nous faisons la connaissance de notre guide Ross. Après la petite mise en place , réglage traditionnel de la carabine, rapidement car il fait nuit noire à 18H15! La température est fraiche et ça nous change vraiment de l'été en France! Le feu de bois est le bienvenue.
Nous faisons la connaissance de deux texans: Le père est son fils de 14 ans. Ils sont sur le départ. Un couple d'américains de Boston est également là pour deux semaines. Ils chassent exclusivement le lion.
Samedi 06 juillet
Levé 05H00 du matin. Petit déjeuner très britannique. Départ à 06H00. Le jour commence juste à poindre. Après 30' de piste, premières traces de buffles. Ross analyse la situation et décide de les remonter. Ils ne sont pas loin car ils tournent rond et l'on doit faire très attention car le vent tourbillonne. Ca ne manque pas, Alors qu'on longe une forêt de bambous le troupeau démarre sur notre droite. Course pour les apercevoir, une trentaine de tête a priori non tirable.
On reprend le Land. Vers 10H30, nouveau troupeau de 20 têtes aperçus au sommet d'une colline. Ils viennent de boire. On se gare. Bon terrain fait de petits vallons étroits, rocheux, très boisés. On arrive à moins de 100 m . On ne les voit pas , mais on les attend manger. Nous abandonnons Olivier et un pisteur pour le final. A quatre pattes la carabine en équilibre sur le dos, on se faufile dans l'herbe 40m, 30 ,20! l'identification est difficile beaucoup de branches! il n'y a que des femelles dans ce coin. Marche arrière toute. Et on recommence plus bas dans le vallon. Cette fois ci c'est un beau mâle. Ross m'annonce 34-35 inchs avec un bandeau très large. J'hésite car j'espère tirer plus gros et ce n'est que le premier jour. Ross pense que je devrais tirer. Je joue le sport et je dis non. On se lève brutalement et nous déclenchons une panique monstre, craquements d'arbres et souffles rauques. Au sommet de la colline on revoit le mâle, effectivement très beau bandeau avec deux bosses bien marquées, peut être 36 inchs. Pourvu qu'on ne le regrette pas.
Il est midi trente: casse croûte et sieste sous un arbre. A 15H00 on escalade une grande colline afin de « juméler ». Montée difficile en pleine chaleur, qu'est ce que c'est lourd une 375! Du haut on aperçoit un troupeau d'éléphants, quelques phacochères mais rien d'autre. Descente rude dans les cailloux. Je savais que j'aurais du faire un régime! On reprend le Land.
Vers 17H00 sur le chemin du retour le guide repère un troupeau dans des collines très boisées. Après une demi heure d'approche on se place idéalement dans un goulet et tout le troupeau défile à 40m , plein travers comme au stand! lentement car ils mangent. Au moins 40 têtes. J'ai le coeur qui bas à chaque apparition dans ma lunette! Ross répète invariablement femelle, petit mâle, femelle, ... Malheureusement rien de bon.
Il est 18H00, la nuit est là on rentre à pied à nuit noire. Impressionnant. Puis retour au camp. La fraîcheur tombe très vite. Belle veillée avec nos amis américains.
Dimanche 07 Juillet
Départ 06H00, on change complètement de biotope. Piste de montagne, sévère, beaucoup d'escalade et de descente, de véritable marches d'escalier en rocher. Vive le Land! Succession d'escarpements et de petites vallées. Magnifique végétation très dense. Le pisteur escalade une colline car on a vu des traces de buffles sur la route. Il revient en courant car ils sont là devant nous à 1 Km . On se gare et on commence l'approche sur ce terrain difficile. Loupé une première fois, le vent à tourné. Mais le guide pense qu'il n'y a que des jeunes. On reprend quand même. Soudain au détour d'un ravin on tombe nez à nez avec un grand koudou (135 cm à peu prés). Un instant d'hésitation, faut-il tirer ou approcher nos buffles? Cela nous est fatal, il disparais immédiatement au moment où je l'épaule!
On se reconcentre sur nos buffles, hélas une nouvelle approche confirme l'absence de belles têtes. J'ai tout perdu. Décidément j'ai un mauvais marabout.
Repas et détente rapide car 12H00. Ross décide de chercher les buffles à la chaleur. Marche forcée pendant 1H30. On tombe 2 ou 3 fois sur des éléphants dont le dernier manifeste une mauvaise humeur évidente. Replis stratégique de notre part.
Sur le chemin du retour, beau troupeau d'impalas, Ross veut en faire tirer un à olivier malheureusement le terrain ne se prête pas à une approche à moins de 150-200 m. Pour une première expérience de tir olivier ne se sent pas. L'après midi consiste à repérer les lieux autour du camp. Beaucoup de très beau waterbucks, impalas, bushbucks, phacochères, sans compter pintades et francolins! On aperçoit des buffles à 18H00 mais il est trop tard pour tenter quoi que ce soit. Il est l'heure de la détente et de notre petite veillée.
Lundi 08 juillet
Départ 04H30. 2H30 de piste. Il fait un froid de canard! Ross à décidé de partir à la recherche du sable. Au lever du jour nous débouchons sur une très grande plaine au bord du lac, entourée par des collines rocheuses et boisées. Beaucoup d'antilopes à l'abreuvoir à cette heure là! Impalas, waterbucks, ...On drague un peu en Land-Rover le long du lac puis on s'arrête pour jumeler. Immédiatement le traqueur repère des tâches noires au sommet d'une colline assez éloignée. Ce sont des sables. Une dizaine environ. On fait une première marche forcée au pied de la colline à l'abri de la végétation. Puis l'on attaque la colline. C'est limite de l'escalade! Apparition formidable, là à 50m, avec la pente on ne voit que les cornes et pas les animaux. On se place mieux, ce sont les femelles qui sont là, on aperçoit deux beaux mâles plus loin sur notre gauche, on redescend et on remonte vers eux. Beaucoup d'arbustes de 1 à 2 m environ gène l'identification. L'un des deux mâles est très beau. Ross me dit 1m environ mais des embases exceptionnelles!
A ce moment là le vent tourbillonne légèrement et les femelles piquent un démarrage brutal entraînant tout le monde dans un grand fracas de branches brisées. Ross démare aussi en trombe vers le sommet de la colline en criant "come on!" Je suis tant bien que mal dans les cailloux, après une ou deux bûches je rejoins Ross un peu plus haut, complètement asphyxié, il hurle " là le grand mâle , shot! shot!" j'écarquille les yeux et je ne voit rien, "shot this fucking black thing!" en anglais dans le texte, il perd patience, en même temps mon regard s'éloigne sur le monticule suivant et là à 90m environ j'aperçois la tête et le cou du sable qui nous fixe. J'épaule comme au canard, la base du coup apparaît dans ma lunette, j'appuie!
Je n'ai pas le temps de réaliser que Ross a refait un deuxième démarrage, j'entends juste " good shot sir!" Je suis sur un nuage. J'arrive enfin, il est là! Splendide, tué sur le coup par une balle au milieu de la base du cou. Quelques soubresauts, j'entends olivier et les traqueurs qui remonte la colline en courant. Tout le monde est content, le trophée est celui annoncé par Ross. Des cornes bien régulières sans défauts et surtout des embases hors norme. Séance photo. Ross par chercher le véhicule, escalade montagneuse pour le Land qui malgré tout se fraye un chemin jusqu'à nous.
Nous descendons jusqu'à un village de pêcheur au bord du lac. Surplace les habitants nous signale dans le carré de forêt dense derrière le village, un vieux buffle solitaire qui charge régulièrement les habitants. On décide de tenter notre chance. Démontage de la lunette et on progresse pas à pas dans un foulli inextricable. Les traces sont là bien fraîches , le vent est tourbillonnant, c'est assez impressionnant. D'un seul coup un buisson « explose », mon coeur saute en l'air, j'épaule le plus calmement possible, Ross aussi, les deux traqueurs et olivier sautent derrière une termitière: C'est un beau guib harnaché, surpris par notre approche, qui nous a déboulé dans les pieds. Bonne production d'adrénaline. On repart, la visibilité ne dépasse pas 5 à 10 m! Cela dure bien 1H30 mais rien, pas de résultat. On renonce car il faut rentrer ramener le sable au campement. Un beau troupeau d'éléphants nous accompagne sur le retour. La veillée sera animée.
Mardi 09 juillet
Comme toujours le temps commence à jouer contre nous. Le départ pour le sud est prévu jeudi matin et le buffle est toujours vivant. Dés 08H00 on trouve des traces sur la route. On descend analyser, trois taureaux, un gros pied est probablement deux pages. Ils sont a moins de 15 minutes selon le traqueur. On est reparti! Le vent tourbillonne toujours. La végétation est dense. Les crottes sont fumantes, ils sont là tout prés. Mais malheureusement ils nous entendent avant qu'on ne les voit et piquent un démarrage bruyant.
01H30 de piste, on les retrouve, ils redémarrent! On ne les voit même pas tellement la forêt est dense. De nouveau 1H30 de marche et même motif, même punition. Il est midi, cela fait 4H00 qu'on les piste. On fait une pose sous un arbre, barres de céréales, un coup à boire, fermer les yeux 15 minutes et on repart. Ils se sont mis à tourner en rond dans une forêt encore plus dense pour brouiller leur piste. Ils nous baladent vraiment. On perd la piste, on la retrouve, on la reperd jusqu'à un trou d'eau où ils viennent sûrement de boire. Il est 14H15, on abandonne. Retour vers la voiture à marche forcée. Un éléphant irascible nous oblige à faire un détour. Rencontre également avec deux jeunes mâles koudous. On reprend la voiture pour rentrer vers 18HOO. Sur la piste rencontre avec deux lionnes, splendide! l'une d'entre elles s'arrête à 3m de la voiture . Un peu plus loin les hyènes suivent. Le retour est un peu tendu, demain sera le dernier jour de chasse ici est toujours pas de buffle!
Mercredi 10 Juillet
Départ 05H30. On change complètement de coin et on retourne vers les collines bordant le lac pas très loin de l'endroit où fût tué le sable. On croise une voiture, ses occupants nous disent avoir vu des buffles, il n'y a pas longtemps, un peu plus loin. Effectivement on les aperçoit dans un vallon à 500m de la route, ils sont une quinzaine pas plus.
Approche rapide et efficace, on est là à 50m environ avec nos jumelles: Pas de très beau buffle en vue. Ils nous éventent et démarrent. On suit derrière au pas de course pour bien les voir. Arrivé en haut: surprise!, les buffle gênés par des gens qui marchaient sur la piste, ils font demi-tour et reviennent droit sur nous. Olivier se jette derrière une termitière. Ils s'arrêtent là, à 10m en nous fixant, on voit le blanc de leur yeux. Assez impressionnant. Puis ils repartent au trot. Quel dommage! Que des femelles et des jeunes mâles.
On change de coin. Nouvelles traces sur la piste, nouveau pistage. On les trouve assez vite vers midi. Toujours dans ces grandes forêts épaisses. Deux très belles approches à moins de 30m, a pat ventre dans le sable au milieu des piquants, pour rien. Pas tirable! Le découragement nous gagne. On drague encore l'aprés midi au bord du lac puis on explore un petit massif montagneux, pas de traces fraîches! Il est 17H00 il faut rentrer, la déception de tous est palpable. 18H00 sur la piste de l'autre côté d'un bras du lac, trois buffles! Ce sont sûrement les trois taureaux que l'on a suivi hier. Il fait déjà très sombre, on fonce à toute allure sur la piste avec le Land, pour contourner le bras d'eau. Puis une approche rapide nous amène dans des bosquets de 1m50 environ. Ils sont là, un peu agités car ils ont entendu la voiture.
J'en aperçoit un à découvert à 100m quelques instants, il est bon à tirer! On s'approche encore, je revois brièvement un gros mâle, il se retourne vers nous et lève la tête en humant le vent dans notre direction, je ne vois que sa tête et la base de son cou. Il fait de plus en plus sombre. Ross se tourne vers moi avec une mine pessimiste, il me dit "C'est notre dernière chance, il faut tenter une balle au cou!" Je lève ma 375 je cadre du mieux que je peux à 60m environ. Boum! Démarrage des buffles, confusion générale, j'entends des branches cassées et je ne vois rien, Ross double à l'aveuglette à travers les branches. Il court devant moi avec Olivier, j'ai le coeur qui explose, je débouche dans la plaine 50m derrière eux pour voir les trois buffles qui rentrent dans la forêt de l'autre côté. Après les avoir rejoint, on traverse en suivant le sang sur la piste. Il fait pratiquement nuit noire. Trop dangereux pour les suivre. On arrête.
Demain matin au lever du jour on reviendra. L'atmosphère est lourd, on ne connaît pas vraiment la nature de la blessure. Les traqueurs et Ross sont optimistes, moi moins , les conditions de tir étaient vraiment mauvaises.
Jeudi 11 juillet
06H00 ,lever du jour. On est devant la forêt. Le sang est là. Ross déconseille à Olivier de venir, ça peut être vraiment dangereux. Il va rester prés de la voiture. On démonte les lunettes et c'est parti. La piste est là, le sang n'est pas très grande quantité, mais régulier. Les branches sont tâchées haut, c'est bien le cou. 01H00 de marche on le retrouve, il démarre de très loin. On retrouve la place où il a passé la nuit. Plaque de sang mais mélangé avec de la graisse. Ross a peur d'une blessure superficielle. On traque encore 03H00 sans l'approcher, ça saigne de moins en moins. On insiste, il est 13H00. Olivier est seul en brousse depuis ce matin. Il faut prendre une décision. On arrête. Retour à la voiture. Frayeur Olivier n'est pas là! heureusement un petit mot sur le par brise nous apprend qu'il est rentré avec un autre guide!
Nous n'aurons pas notre buffle! On est déçu mais il faut positiver. On les a trouvé huit fois. Nous avons fait dix approches à moins de 50m, certaines à 15-20m. On a traqué dans des conditions de végétation difficile. On a fait de grandes marches. On a poursuivi un buffle blessé! Que d'émotions! Et mon sable est bien beau! Il faut penser au sud et à notre transfert en avion. Ross va descendre par la route avec la cantine (13H00 de Land Rover!).