Darwin – territoires du Nord – Avril 2007

 

 

 

Anna, Sarah, Chris, Iain, et Olivier.

 

Jeudi

Le vol Virgin Blue qui nous emmène de Brisbane, au point de civilisation le plus au Nord de l’Australie, à quelques milliers de Kms de Brisbane, j’ai nommé Darwin, du nom du célèbre scientifique.

Darwin, bombardé par les japonais, en 1942, par la même flotte qui détruit Pearl Harbour. Elle fut rebâtie sur les ruines. Bref notre arrivée tardive ne nous permet pas d’évaluer vue du ciel, la capitale des territoires du Nord. Je me réveille en sursaut lorsque l’avion touche le tarmac. Sur les quatre heures de vol, je n’aurai sûrement dormi qu’une petite heure. Merci la gamine du siège d’à côté, entre concert de pleurs et crises de nerfs, plus le gars derrière qui se sentait oblige de me faire partager la musique de son MP3, ses tympans son restés a Brisbane.

Il doit être 01H00 du mat lorsque l’on récupère nos bagages et nous dirigeons vers le bus, navette avec le centre ville.

Sur la route, des jeunes locaux, nous souhaite la bienvenue, majeurs tendus, sûrement désireux de garder jalousement les trésors naturels d leur province. Au backpacker, c’est un ventre à longue barbe qui nous reçoit, plus chaleureusement, l’haleine chargée d’alchol devant aider.

Le reste de la nuit ne sera pas plus paisible que dans l’avion, allée venue dans mon dortoir, et de l’autre côté les autres ont un concert de Nirvana jusqu’à 04H00 du mat, gratis.

Ca pue de la gueule les crocs d'eau salée

Vendredi,

Confusion sur l’heure de réveil, plus le décalage horaire (30 minutes en moins, original !), je me lève une heure avant les autres, dans le gaze bien sur ! Le barbu, fan de Nirvana, est toujours debout, il a l’air d’avoir dessoulé. L’ambiance du backpack est un peu … spécial, et c’est avec joie que l’on embarque dans un minibus, pour l’agence de location de 4*4 : Britz. Un landcruiser nous y attend. Frigo, caisses de rangement, tentes sur le toit, tables, chaises, tout y est, même le « snorkel », entée d’air au niveau du toit, ça nous sera très utile en cette fin de saison des pluies. Le chauffeur de l’autobus nous a annoncé la couleur la veille, il est tombé 600 mm en Mars, soit deux fois plus que d’habitude. Et dire que l’on manque cruellement d’eau a Brisbane ! Ca promet de patauger dans la boue.

Il faut un petit moment pour régler toutes les contraintes administratives. Le moustachu derrière le comptoir, nous dit sur le ton de la plaisanterie, qu’il ne laisse pas le volant aux français et aux femmes, ça ne laisse pas beaucoup de choix : Iain. En effet, il se trouve qu’il sera notre chauffeur pour toute la durée du trip.

Enfin prêt, c’est parti ! Enfin presque, faux départ, la vitre côté conducteur ne ferme pas, démontage pour la remettre dans le rail, cette fois c’est parti, vitres fermées et clim, obligé vu la chaleur.

outback australien

La première étape et le parc de Kakadu, le plus réputé d’Australie, grand de 20 000 Km2, il enferme une flore et une faune riche, dont les fameux buffles d’eau que j’espère bien voir. La route jusqu’au parc ; longue de 130 Kms, est superbe. Grandes plaines inondées, dans lesquelles s’envolent des aigrettes, contrastant leur blanc sans défaut, sur le vert éclatant de neuf de la végétation. Sur les bords de route, la latérite rouge, typique de « l’outback » australien, superbe tableau.

La route goudronnée continue a travers le parc, seul un panneau nous indiquant son entrée. Au centre d’information, c’est la mauvaise nouvelle que l’on redoutée, toute les pistes sont fermées pour cause d’inondation, notre fiers 4*4 condamné à suivre le pauvre goudron. Il y a quelques semaines, le parc n’était pas du tout accessible. Il nous reste encore l’accès au fameux site aborigène de Ubirr, réputé pour ses peintures rupestres, certaines datant de plus de 10 000 ans. Il nous faut quand même traverser deux rivières qui ont débordées sur la route, jusqu’à 80 cms de profondeur par endroit, l’eau a hauteur de portière et du capot, sympa, ça rappelle le Botswana, avec le goudron et le snorkel en plus, sans soucis cette fois.

Saison des pluies a Darwin ...

On arrive sur les contre forts des montagnes, le relief ce fait plus accidenté, donc moins ennuyant. Des blocs de rochers sont parsemés le long de la route, donnant l’impression étrange d’avoir été posés les uns sur les autres, jeu de légo pour géants.

Arrivé sur le site, à pine un pied hors de la voiture, que l’on ai assailli par les mouches, par milliers, semblant jouer avec nos nerfs, elles adorent bourdonner à tes oreilles, se poser sur ton visage, et plus tu les chassent, plus elle reviennent à la charge, oh joie …

Paysage typique de Kakadu.

Les autres, lus prévoyants, ont des filets à mouches protégeant leurs têtes. Le site est superbe, succession de peintures, quatre teints différentes, toujours sur les murs protégés par un surplomb, à l’abri de la pluie et du soleil. Des barrières les protégent des touristes trop tactiles, ou soulevant de la poussière à proximité. Représentant souvent des animaux : kangourous, poissons, tortues (fruits des chasses) ayant leurs préférences. Poissons toujours tête en bas, dont le fameux baramundi qui fait aujourd’hui la joie des pêcheurs – touristes. Egalement des personnages racontant des histoires, imaginaires ou réelles. Scènes de chasses, de danses, ou de vie tout simplement, car les peintures racontent la vie avant tout. Les dessins se situent toujours dans les couloirs naturels menant aux lieux de campement, larges cavernes ouvertes, protégées par d’immenses surplombs. Les rocherspolis témoignant d’une présence passée.

Barramundi et tortue

Se trouve également le fameux serpent arc en ciel, divinité représentant l’arc en ciel, apparaissant pendant la saison des pluies, annonciateur d’abondance, mais aussi de mort. Le point de vue au sommet est magnifique, une large plaine inondée s’offre à nous, il y fait bon flâner, à observer les kangourous, ou wallabies de rochers, passant par là.

Seul un ranger, occupé à désherber, est présent sur le site. Il nous confirme que la saison des pluies fût exceptionnelle cette année, aucune chance de pouvoir emprunter les pistes submergées, dont celle menant aux « Jim Jim falls », site très réputé pour ses beautés, les chutes doivent dépoter en ce moment !

Anna, Sarah, Iain, me and Chris.

Retour au parking en sueur, à l’abri des mouches et du soleil. On va poser les tentes, pour sécuriser un site de camping repéré auparavant, puis petit plouf dans la rivière débordant sur la route. Balade en 4*4 le long de la rivière, dans l’espoir d’observer les crocodiles d’eau salée, adapté à l’eau de mer, mais passant le plus clair de leur temps dans l’eau douce. Ils peuvent atteindre des tailles impressionnantes, et n’hésitent pas à attaquer l’homme.

Grande plaine d'Ubirr.

Retour au point de vue pour le coucher de soleil, censé être exceptionnel, juste dans l’axe de la plaine. Sur le chemin, un serpent profite de la fraîcheur pour se faufiler. Les nuages sont trop bas et trop nombreux, mais le moment est tout de même très agréable, malgré les mouches puis les moustiques. La nuit est tombée, il fait encore une chaleur de bête, je dégouline, malgré le whisky et l’eau bien fraîche du frigo. La bouteille y passera, bon somnifère pour affronter l’air irrespirable sous la tente.

Coucher de soleil sur les plaines inondées de Ubirr.

Bonne nuit, ZZzzzzz….

 

Samedi,

J’ouvre un œil, le soleil est levé depuis un moment, ainsi que les mouches qui attendent patiemment, posées sur la toile de la tente, que je mets le nez dehors. Elles sont insupportables, j’ai pris l’habitude d’avoir un tee-shirt à la main et de balayer l’air devant mon visage en permanent, un peu comme une vache remuant la queue nonchalamment.

On plie bagage vite fait, direction le sud du parc, espérant trouver quelques pistes ouvertes. Partout le même rejet, barrières barricadant les pistes fermées pour saison des pluies, amende comme un couperet au dessus de nos têtes, pour finir de dissuader les plus téméraires. Tout est canalisé, encadré, peu d’espaces de liberté et d’aventures qui devraient se conjuguer avec les paysages sauvages traversés, frustrations. Ah !que l’Afrique me manque !

On visite un beau site aborigène de peintures rupestres, mais la faune touristique, dont on fait parti, est partout autour.

Chasseur aborigène, bien couillu.

Question faune, ‘est un peu le désert, peu de chances désormais de voir des buffles. Un gros crapaud au bord de la route, un petit dingo squelettique, tout ça est un peu maigre. On a tout de même aperçu un « magpie », sorte de Jabiru, symbole du parc, plus les « usuals suspects » : kangourous, wallabies et cacatoès (perroquets blanc à crête jaune dont le cris justifie le nom).

La piste pour « Jim Jim falls » est bel et bien fermée, elle n’ouvrira qu’en Juin. Avant la sortie Sud, une piste est ouverte ! Miracle ! Elle mène a une marche. On gare la voiture, une minute après un ranger arrive en quad, il évacue la zone pour cause d’incendie, c’est pas en saison sèche ça ? Je rêve ! Non même pas, l’odeur d’herbe brûlée et les quelques cendres portées par le vent nous le confirme, bon ben ya plus qu’à dégager.

Dingo a la diète.

On quitte le Kakadu à « Mary river », plein d’essence dans une petite gargotte tenue par un couple d’anglais venus se perdre dans le désert australien, dépaysement garantie. On reste tout de même un peu sur notre faim concernant Kakadu, faudra revenir en saison sèche, en espérant éviter les inondations …

Le 4*4 avale les kilomètres jusqu’à « Edith falls », toutes les chutes d’eau portent des noms féminins, les comparatifs pouvant être nombreux, à chacun son interprétation. Bref, enfin un endroit pour se baigner, on y trouve parfois des petits crocos d’eau douce inoffensifs, pas un en vue. Les familles s’y baignent, ce qui finit de nous rassurer. La chute d’eau est impressionnante, il faut nager à contre courant pour l’atteindre. Le camping est agréable et peu surchargé de monde, bon spot pour y passer la nuit, même si je préférerai une nuit dans le bush.

beau gabarit de crapeau.

Installation du camp un peu à l’écart, Iain le pilote, se bat avec les fermetures éclaires de la tente fixée sur le toit, tandis qu Chris coupe quelques tranches de saucisson pour l’apéro. Belle veillée sous le ciel étoilé, voie lactée au dessus de nos têtes, un peu de fraîcheur et moins de moustiques, ce n’est pas désagréable.

Chris et Edith falls

Dimanche,

Réveil difficile, Iain et Sarah sont déjà levés, et suffisamment courageux pour s’attaquer à la marche qui mène au dessus de la cascade. Je traîne dans le camp tandis que Chris et Anna font la grasse mat, bientôt réveillés par un cacatoès, qui passe en flèche au dessus de nos tentes, toute gorge déployé, chassé qu’il est par les corbeaux, maîtres des lieux.

Baignade matinale super agréable, suivit d’un petit dej qui l’est tout aussi, d’autant plus que le service est saupoudré d’une gentillesse aujourd’hui rarissime. La patronne nous offre même un petit œuf en chocolat, c’est vrai que c’est paques ! Avec un jour d’avance.

cacatoès

Direction la petite ville de Katherine’s, où Sarah a géré un hôtel pendant neuf mois, gestation difficile dans ce trou perdu du désert australien. Perso, vu la beauté de la nature environnante, et le calme des lieux, l’expérience ne m’aurai pas été aussi désagréable.

où te caches tu pti croco?

Les aborigènes y déambulent dans les rues, ou sont prostrés dans l’herbe des parcs. Véritables zombis complètement paumés dans cette société. Les aborigènes rangers, qui gèrent leur parc de Kakadu, semblent davantage dans leur élément. Le corps longiligne, et leur tête proéminente, leur donne l’impression de sortir d’un autre temps. La tête toujours baissée, le regard direct étant malpoli dans leur culture, ils semblent s’excuser de leur présence.

Bye bye Kakadu.

Le temps de faire quelques courses, et on arrive aux Catherine’s gorge, impossible de faire du kayak (« seasonal closure »), avant de rouvrir l’activité, il leur faut s’assurer que les crocs n’ont pas investi les lieux pendant la saison des pluies. Définitivement pas la meilleure saison pour visiter le coin. Le trip en bateau semble trop touristique, le vol en hélico est financièrement abordable (70 dollars), mais complet. Reste la marche sur la plateau surplombant les gorges.

Catherine's gorge.

Il fait déjà 40 degrés, mais on est bien décidé à profiter de cet endroit magnifique. La marche mène d’abord à un point de vue au dessus des gorges : Sublime ! Les roches rouges tombent à pic dans la large rivière embouée par les pluies, la végétation autour, s’étend a perte de vue. La marche continue sur le plateau, au milieu d’une végétation dense et sèche, eucalyptus, palmiers et autres arbustes apportent une touche de vert, au dessus du jaune de la paille et du rouge de la roche. On se croirait par moment en Afrique, manque plus que les gazelles, vu que nous les babouins, sont bien présents. Une légère brise apporte un peu de fraîcheur et rend la chaleur supportable. On sue quand même comme des bêtes. Une heure plus tard, on débouche de nouveau au dessus de la rivière, point de vue encore plus incroyable, une gorge perpendiculaire nous mène au dessus de la rivière, un peu plus bas elle se jette dans un large gouffre, formant une cascade de rêve, tombant majestueusement dans une piscine naturelle.

Lieux extraordinaire, seul un couple s’y baigne lorsque l’on arrive sur les lieux, le temps de poser nos sacs et on s’y jette depuis le surplomb de trois mètres, tête la première, l’impression de se purifier dans ce jardin d’Eden, après la chaleur infernale de l’au dessus.

Cascade de rêve.

Les parois, de plus de quinze mètres, y tombent à pic, entourant cette profonde piscine, formation parfaite pou y enchaîner les sauts de plus en plus haut, ou pour se prélasser. On y passe une après midi enchanteresse, jusqu’à l’arrivée d’un bus d’américains, arrivés jusque là par bateau, Pfffff …

Petit détour par le bord de la large rivière, puis il faut remonter, on a encore un peu de route à faire pour aller au parc de Liechfield où l’on souhaite passer la nuit. La distance qui nous en sépare est plus longue que prévu, la nuit est tombée depuis un petit moment lorsque l’on arrive au but. Anna lance des jeux dans la voiture pour nous occuper, on descend quelques bières et enfin Liechfield est en vue. Les campings sont blindés, on finit par atterrir sur une vieille piste 4*4 non utilisée depuis un moment, juste en dehors de la réserve. Un petit espace au bord de la piste nous permet d’y planter nos tentes, et de sortir table et chaises de camping, ah ! …. Enfin du bushcamping ! La soirée est déjà avancée, repas rapide saucisses purée, puis dodo car demain faudra se lever tôt au cas où on serai sur les terres d’un fermier de mauvais poil.

Chris et moi, tête la première.

Lundi,

Premier lever, avec les rayons du soleil encore doux. On pack le matos en vitesse, histoire de pas de laisser d’indices de notre camping, il est encore très tôt lorsque l’on s’engage dans le chemin qui commence à 20 mètres du lieu du crime, la marche nous servant d’alibi. On longe une jolie rivière ombragée, l’eau filtrée par des roches volcaniques y est aussi claire que l’on puisse imaginer. Le chemin est un peu défoncé, preuve qu’il n’est pas plus emprunté que lq piste 4*4 de la veille. Les premières piscines sont censées être des sources thermales, pourtant la température y semble normale, sûrement du au débit élevé anormal de la rivière, résultat des pluies de Mars.

Au bout du chemin, une superbe cascade tombe d’un surplomb dans une belle piscine naturelle, ou devrais je dire surnaturelle tant l’endroit est beau. Pas un chat, juste quelques sangsues sous la cascade. Séance photos de rêve, tout le monde sourire aux lèvres, bonheur de pouvoir profiter d’un tel endroit sans avoir à la partager avec quiconque, égoïsme de liberté. La « curtain river », restera une belle rivière cachée derrière le rideau du décors pour tourisme de masse, trop lourd à porter pour nous. Pour vivre heureux, vivons cacher, pourquoi pas dans la petite grotte derrière la cascade.

Curtain's falls

On visite ensuite une succession de cascades, toutes très belles, aux points de vue superbes, mais toujours entourés de barrières de « protection » de panneau répressifs, d’indication ou contre indication. Mer verte entourant la fureur blanche se glissant sous les arcades rocheuses, vraiment superbe, on essaie de s’en rapprocher un eu, malheureusement le sentier de canalisation ne fait que s’éloigner au-delà du vacarme fracassant de l’eau en furie. Décors de forêt calcinée ajoutant à l’ambiance de fin du monde.

« Florence fall »est l’une des rares où l’on peut s’y baigner, la multitude de touristes du dimanche, du lundi en l’occurrence, en témoigne. En dehors de cela, Liechfield reste une jolie petite réserve. Dernière séance photos autour des grandes termitières, construites dans l’axe Nord-sud pour que les termites dites magnétiques, profitent d’un ensoleillement maximum. Plutôt que termites magnétiques, on devrai les appeler termites solaires. Un large champ est jonché de ces termitières géantes, on en retrouve souvent de plus petites le long des routes, sorte de borne kilométriques locales. 1400 Kms en 4 jours, cela fait une bonne moyenne, il est temps de rentrer vers Darwin, pour rendre le 4*4 à temps, avant 16H00, ce qui nous laisse du temps à tuer avant le col de 01H50 demain matin. On loue une chambre dans l’hôtel du casino, moments de détente autour de la piscine ou dans le jacouzi, cocktail à la main. Plateau repas dans la douceur de la chambre climatisée, derniers bons moments entre potes, pour conclure ce périple dans les territoires du Nord. Je dois dire que cet après midi de luxe est vraiment appréciable après la chaleur, et la poussière avalée. Pourtant au moment de prendre l’avion, qu’une seule envie prédomine : Repartir.

Florence falls.

 

termitière prés de Darwin.

 

Dernier coucher de soleil, Darwin.