Western Australia, Août 2007.

 

 

 

Bon ben, ça y est! C’est bientôt l’heure du départ, trois semaines exactement avant de m’envoler pour la France, après prés de 18 mois passés en Australie. Mais avant de partir, je vais faire un dernier petit tour dans un endroit qui m’attire depuis longtemps, l4australie Occidentale, via un rapide crochet par Melbourne.

 

Lundi 13 Août,

Melbourne, l’Européenne.

 

Je gardais le meilleur pour la fin, après avoir passé deux jours à Melbourne, me voilà dans l’avion qui m’emmène vers Perth et la « Western Australia », plus à l’Ouest, tu ne peux pas, et plus perdu, tu ne peux pas non plus, c’est un peu le « Benj » australien, les initiés comprendront.

Petit retour en arrière. J’ai donc pris l’avion le lundi 13 Août, depuis Brisbane, mon sac sur le dos et ma planche de surf sous le bras ( ça s’annonçait déjà bien…). Arrivé dans la nuit glaciale de Melbourne, après un superbe coucher de soleil depuis l’avion, le nez collé sur le hublot à dévorer ce panel de couleurs dégradées qui n’en finissait jamais.

Raymond, le pote d’un pote (Sylvan), que je connais un peu, m’attend à Melbourne. En fait c’est plutôt moi qui l’attends car il rentre d’un week end sur Brisbane, son vol arrive deux heures trente après le mien.

L’attente est longue, vu l’ambiance un peu vide de l’aéroport de Melbourne un lundi soir. Ce soir ce sera mon sixième lit différents de la semaine, autant dire que je vagabonde depuis que l’on a rendu notre appart de loc à Brisbane. Mon sommeil est pourtant toujours aussi lourd, c’est fatiguant d’être en vacance et de ne rien faire ... Pfff…

 

Mardi 14,

J’essaie de me motiver malgré le temps maussade. Je me jette du lit pour sauter dans un tramway. Après un faux arrêt je plonge enfin dans la jungle urbaine de Melbourne et de son « victoria Market ». L’objectif est de trouver une voiture de loc, afin de rejoindre la fameuse plage de « Bell’s beach », sur la non moins fameuse « great ocean road » route littorale qui joint Melbourne à Adélaïde.

Le premier agent sera le bon : une petite Hyundai, Suffisamment grande pour y mettre mon surf malibu, fera l’affaire.

Retour en vitesse chez Raymond, je charge mon matos de surf et en route vers le sud-est, le plan sous les yeux pour éviter de se perdre et perdre un temps précieux. En effet, le planning est chargé : Récupérer la voiture de loc (ça c’est fait), rejoindre Torquay (via Geelong), puis Bell’s beach, surfer cette vague mythique, visiter le coin, et revenir à temps pour voir un peu la ville, ben … va pas falloir chaumer et éviter de se perdre dans ce dédale urbain où s’entrecroisent lignes de tramways, de bus, échangeurs, …

 

A part la fastidieuse traversée de Geelong, aucun problème pour sortir de la ville, et le soleil est également de sortie ...

La tranquille route « B100 » me conduit jusqu’à l’océan, puis plein Est vers Bell’s Beach. La plage est aussi belle que je l’imaginais (« belle plage », belle et vierge de monde donc de surfeurs, et pour cause c’est un jour sans vagues … snif ! Quasiment pas de vagues, en tout cas pas assez pour déballer la planche de son emballage « voyage » et sauter dans l’eau glaciale. Le vent tout aussi « rafraîchissant » n’encourage pas non plus.

Tant pis, je suis dèja super content d’être là, de voir un petit bout de cette « great ocean road », voir les falaises se jetant, elles, dans la mer. Du bleu partout, en bas, en haut, au loin, et les couleurs rouges, jaunes pastel, la terre déchirée dans tous les sens, par le vent et la houle.

Plage de Bell's beach

 

Je visite la pointe « St Adis », les plages de « St Luc », ainsi que la petite station balnéaire de Torquay, puis retour tranquilou vers Melbourne.

Je prends juste le temps de déposer la voiture et le matos de surf chez Raymond, et je reprends le tramway jusqu’au centre ville. Il fait encore un peu jour, l’occasion de prendre quelques photos de la gare et de l’église. En dehors du tramway omniprésent dans la ville et de quelques architectures sympas, la ville reste assez décevante.

Après la gare, un parc longe le canal qui traverse le centre ville, cette partie là est un peu plus sympa, ainsi que le parc Victoria qui m’emmène jusqu’au quartier animé de « Fitzroy ». Bars, restos ou magasins branchés se suivent le long de « Brunswick st ». Dans les ruelles sombres et perpendiculaires à Brunswick st, je découvre quelques-uns uns des fameux tags géants de Melbourne, enfin une originalité dans la ville !

Ces tags sont très originaux car composés avec un vrai soucis artistique donc assez éloignés des tags des bus ou métro RATP de Paris.

 

Plus de deux heures de marche intensive, je m’arrête sur la terrasse d’un café très sympa, puis Raymond me rejoint dans une crêperie bretonne : Cidre, galettes de Sarazin et boudin, on finit à l’armagnac dans un bar un peu plus loin, jusqu’à la fermeture, il est temps de rentrer, car une autre grosse journée m’attend demain.

 

Mercredi 15.

Réveil matinal avec Raymond, un café puis direction l’aéroport de Melbourne, faut rendre la voiture de loc, enregistrer sac et planche, j’ai failli commettre ma première erreur de navigation en voiture et rater la bonne route pour l’aéroport, rattrapé juste à temps, ouf ! Le timing était serré.

Je comate un peu en attendant d’embarquer, l’armagnac faisant encore effet. Le vol est plutôt tranquille, mon voisin feuillette des magazines de chasse, sans un mot je lui tends une photo de mon père posant à côté d’un chevreuil du Diois. L’air surpris, mais l’œil brillant d’intérêt, il engage la conversation. On parle de chasse en Australie, puis de la chasse en générale, comme un passionné, il est intarissable. L’avion atterrit sur le tarmac alors qu’il me montre encore quelques photos de « red dear » australiens ou de la chèvre australienne du désert.

Je récupère mes bagages, me met à l’heure (deux heures de moins que la côte Est), puis part à la recherche d’un taxi pouvant embarquer ma planche qui fait 2m30 de long. C’est un solide gaillard, un bosniaque (il y a énormément de gens de l’ex Yougoslavie fuyant la guerre, qui ont atterri en Australie). Il m’emmène jusqu’à l’adresse où je doit récupérer mon van de location (« wicked camper van »).

J’embarque à bord du van ou plutôt du tas de ferraille ! Il tousse un peu le papy van, 440 000 Kms au compteur, une vraie pièce de musé, vas savoir jusqu’où il va m’amener lui. Il faudra ménager la monture …

La vitre côté conducteur ne remonte pas, il me faut repasser par le garage « met de l’huile dans la vitre, dans le trip il faut qu’elle glisse … », puis je passe devant un vieux barbier, l’idée est séduisante vu la taille de mes cheveux (plus de 3 cms !). Ce sont cette fois des bulgares qui me reçoivent et me rasent la tête.

Ville de Perth vue du jardin botanique

 

Le temps de trouver une carte de poche de Perth, je me dirige vers le « Kings park » et son jardin botanique, mon van tout paré de tags bleus et jaunes se fond bien dans les couleurs du parc. Le parc surplombe la ville et la « Swan river », un chemin longe la baie, enchaînant les points de vue plus impressionnants les uns que les autres. Les pieds dans l’herbe, la tête dans les nuages ou plutôt dans le ciel bleu, les gazouillis des oiseaux, je profite du moment. Pour le jardin botanique faudra repasser au printemps, l’hiver l’a un peu rabougri, tant pis, il est déjà 17H00, je dois me diriger vers chez Nathalie, un copine de Clyde, un copain sudaf de Brisbane.

Elle habite à « Jolimont », il faut encore que je trouve la rue, car mon plan ne couvre qu’une partie du quartier. Je tourne un peu dans le quartier, en espérant tomber sur la rue, mais il s’avère plus étendu que je l’imaginais. Je finis par appeler Nathalie et grâce à ses indications j’arrive à bon port. Tout seul je serai encore entrain de tourner dans Jolimont.

Je rencontre sa colloc française autour d’un verre de vin blanc de « Fremantle », la station balnéaire et le coin branché de Perth. Ce soir elles m’emmènent en ville via le train de banlieue, je me retrouve seul mec tel un coq, au milieu de six poulettes ! Le rêve quoi !

Soirée sympa dans un resto italien, malgré la bouffe très quelconque, bref une bonne occasion de voir un peu la ville.

Retour dans le quartier très sympathique de Jolimont, je passe une nuit très confortable dans le canapé.

 

Jeudi 16,

Réveil en douceur avec un café dans le jardin avant de prendre la route de « Cottesloe », autre quartier de Perth, où je dois retrouver Maja et Bevan, un couple d’amis de Brisbane qui viennent tout juste de déménager sur Perth. Maja est danoise et Bevan sudaf. Leur hôtel se trouve juste en face de la mer, ils viennent de trouver une maison à louer à 50m de là.

On embarque les planches de surf et leurs affaires à bord du van, puis en route pour « Margaret river », plus au sud, la Mecque du surf sur la côte Ouest. On doit y retrouver Michael, un pote de Bevan, encore un sudaf ! Et comme Bevan, il est de Cape town. Le van avance péniblement à 90Km/h sur l’autoroute, qui se transforme petit à petit en route de campagne. Les derniers 100 Kms voient défiler une succession de fermes et de vignobles. Margaret river est vraiment loin de tout, mais au milieu d’un décor absolument superbe.

Après être passé au-dessus de la rivière « Margareth », on traverse le très paisible village où les quelques touristes se mélangent facilement aux locaux. Michael nous retrouve sur la route, on le suit jusqu’à la côte et le fameux spot de surf de « main beach » à deux Kilomètres de là.

La nuit approche, il faut se dépêcher si on veut attraper quelques vagues. Maja et moi lutons péniblement contre le courant extrêmement fort qui court le long des rochers, Bevan est déjà en place à l’endroit où cassent des vagues trop grosses pour nous. On cherche à rejoindre une zone plus calme mais le courant nous en éloigne. Je fini par approcher cette zone, mais les vagues n’y sont pas assez creuses et les bras un peu fatigués pour pouvoir les prendre à la rame appuyée. Le spectacle est tout de même grandiose sur le spot : Grosses vagues avec en toile de fond le coucher du soleil, et oui on est à l’Ouest : Coucher de soleil côté océan, ça change de Brisbane ou de Durban.

Fin de session, le soleil disparaît définitivement, Maja et moi sommes sorti un peu avant, rejetés par le courant, il fait quasiment nuit noire lorsque Bevan nous rejoint, radieux ! Il s’est éclaté le cochon.. Le froid nous saisi tandis que l’on quitte nos combis pour enfiler pull over et bonnets.

Bevan se prépare à aller à l'eau.

 

C’est l’heure de l’apéro, en route pour le bar où travail Michael, on y mange un morceau et attendons la fermeture de la « Settlers Tavern » pour suivre Michael jusque chez lui. Installé depuis peu avec sa future femme (ils partent se marier très prochainement à Bali) et son fils, ils louent une superbe maison pour seulement 250 dollars par semaine, une bouchée de pain comparé à Brisbane.

 

Vendredi 17,

Première nuit dans le van garé sur le parking, en face de chez Michael : Top ! Super confortable. On engouffre un petit dej, récupèrons les combis encore trempées de la veille, puis Michael nous emmène sur le spot de « Gas bay », coin superbe, des vagues partout pour tous les goûts, ciel bleu, mer cristalline et pas si froide finalement.

Passé la première heure d’appréhension à cause de mon genou encore meurtri d’une rupture d’un croisé deux mois plutôt, je prends quelques jolies vagues (c’est la première fois que je re surf depuis mon accident de foot en salle). Décor parfait, pas grand monde à l’eau, conditions idéales, le pied total !!

Aprésm glande et repos avant de repartir pour la session du soir sur le spot de « river mouth » cette fois ci, spot à l’embouchure de la fameuse « Margareth river ». Je retrouve à l’eau Joe, un français rencontré ce matin, qui, depuis Biscarosse voyage entre l’Australie, Bali et l’Indonésie, un sacré surfeur.

Vagues de rêves quoiqu’un peu rapide, coucher de soleil et tout le tralala, on s’y fait vite !

Michelle, la femme de Michael, nous reçoit avec un bon plat de pâtes, rien de tel après le surf.

Bevan et moi retournons en ville voir Michael en train de bosser derrière le bar, boire quelques bières, jouer au billard, parler surf et regarder un concert de reggae en live, la vraie vie quoi ! Minuit, il est temps de rentrer, le ciel n’est pas noir mais étincelant d’étoiles, je prolonge la soirée, allongé dans mon van, vitres ouvertes, profitant du confort et de la vue que m’offre ma nouvelle maison.

 

Samedi 18,

Maja vient toquer à la porte du van, le café est prêt. On dépose Bevan et Mickel à « Main break », puis prenons la route pour « Danemark », la ville, pas le pays natal de Maja. Danemark se situe bien plus au sud. La route est superbe, rien à part de la forêt à perte de vue. Peu de voitures, quelques fermes et vignobles, de temps en temps un bled pour faire le plein. La végétation change au fur et à mesure que l’on descend vers le sud, pour devenir de plus en plus verte. Des prairies rappelant l’Europe, entoure la petite bourgade de Danemark. On se dirige vers la côte pour un surf avant la nuit bien sûr. Petites vagues mais personne à l’horizon, une session de surf très sympa.

On cherche un endroit pour passer la nuit, autre qu’un camping, pas évident entre les parkings pas très rassurants ou les réserves naturelles interdites au camping. On finit par trouver un caravan park fermé, où l’on peut camper à côté. Feu de camp, quelques bières, nouilles et soupe au menu.

Bizarrement il fait moins froid que dans le Nord, tant mieux ! Ce soir j’ai une invitée dans mon van, à l’instant où j’écris, elle dort avec les ronflements en bonus, cool... D’ailleurs je vais en faire autant, bonne nuit !!!

 

Dimanche 19,

Pti dej express (œufs et beans sur toasts, typiquement britannique pour fêter la victoire des frenchies sur le 15 de la rose) avant de se faire jeter par les proprios du caravan park. On va chercher les vagues, elles sont toujours aussi petites, pas la peine de s’attarder. Maja achète des cartes postales de Danemark, pour les envoyer au Danemark, d’après les cartes postales, il y a des sites naturels sympas à visiter dans le coin, comme les « green pools » et « Elephant rocks ». On tourne vers « Point Hillier », en direction de la mer, les « green pools » s’offrent à nous : Enormes rochers (d’origine volcanique) arrondis par l’érosion, ils forment une sorte de grande piscine naturelle, l’eau y est cristalline, turquoise, ça donne envie de s’y baigner. Un peu plus loin, les même rochers en plus gros, rappelant étrangement des gros pachydermes d’Afrique, ils se baignent dans la même eau turquoise, le tableau est vraiment surprenant.

Elephant rocks

 

Toute la côte est magnifique, mais on bifurque rapidement à l’intérieur des terres pour traverser « la vallée des géants ». Des « tiggle trees » de plus de 60m de haut et dont le diamètre peu atteindre 15 mètres. On se balade sur la canopée à bord d’une passerelle suspendue entre d’énormes pylônes, à hauteur des cimes : Impressionnant ! Tout comme la route qui traverse cette forêt, ça sent bon le bois, industrie principale de la région.

Balade sur la cime des géants

 

C’est l’heure du déjeuner, on s’arrête dans une vieille taverne des années 50, dans les environs de « Northcliff » au milieu de la réserve de « Shanon ». A l’intérieur des vieilles photos en noir et blanc retracent l’époque glorieuse des bûcherons aventuriers. En plus de l’ambiance on y mange bien, sûrement le meilleur « fish and chips » de ma vie. Les clients ne s’y bousculent pas, ce qui nous laisse le temps de converser avec les gardiens du lieu, un couple incroyablement sympathique, ça change de Brisbane.

La pluie tombe déjà depuis un petit moment, c’est maintenant une véritable averse qui s’abat tout le long des 300 kms jusqu’à Margareth river, donnant un aspect encore plus surnaturel aux paysages traversés déjà la veille. La pluie tombe un jour sur deux, dans cette région, donc difficile d’y échapper.

A peine arrivés à Margareth River, on prend la direction du spot de surf de « River mouth », avant la tombée de la nuit. Vagues superbes, tenues par le vent de terre, beaucoup de courant, il faut bien partir le long des rochers, puis trouver les zones plus calmes pour se maintenir au bon endroit. Les vagues puissantes nous envois nous agglutiner dans les marais d’algues en bord de plage, impossible de ramer ensuite avec 20 kilos d’algues à traîner derrière soi, il faut repasser par la case plage et refaire le tour le long des rochers après s’être ôté des algues indésirables, sacré travail pour chaque vague !!!

Le temps de quelques tour de manège, je prends des jolies vagues, avec la pluie rabattue de face, il me faut les essuie-glaces pour voir où je vais.

Le soleil se couche, c’est l’heure d’une bière fraîche au chaud à l’intérieur du van, avant de rejoindre Michael et Bevan au pub. Je passe quelques coups de fil en France, Yannick, mon frangin, est en Afrique du sud, aux dernières nouvelles il tenait compagnie à deux guépards à 3 mètres de sa voiture. Retour au bar, où un super concert live accompagne ma soupe et ma bière, quelques parties de billard et gros dodo dans le van. Il pleut toujours, espérons que le climat au nord sera plus clément.

 

Lundi 20,

Le soleil est de retour, le spot de « Main beach » est en furie, vagues de 4 mètres de haut, trop gros pour moi, un régal pour Bevan. Au spot d’à côté : « The box », les gars se font tracter en jet ski dans des vagues aussi grosses. Pour moi ce sera le même spot que la veille où j’ai eu de très belles vagues. Les conditions ne sont pas aussi bonnes aujourd’hui, après quelques vagues je rejoins Maja qui prend des photos sur les autres spots.

Il est temps de dire au revoir à Margareth river, et prendre la route de Perth. Mais avant, on s’arrête à « Yalling up », autre ville de surf (dont est originaire « Taj Burrow », l’un des meilleurs surfeur du circuit professionnel).

Je me mets à l’eau sur le spot de « Smith beach », une belle vague casse dans la petite baie en bas à gauche du point de vue où l’on s’est garé. Un chemin me mène au bas de la colline, il faut encore traverser une zone de rochers avant d’atteindre la plage. Une fois sur la plage, une jolie droite déferle dans une eau transparente. Le soleil tape, j’ai de la crème solaire plein la gueule. Bevan qui a bien profité du surf ce matin, et Maja qui a une jambe un peu douloureuse, restent sur la plage et prennent des photos.

La vague casse assez loin de la plage, puissante et rapide, beaucoup de rame au menu. La fatigue se fait sentir, j’arrive malgré tout à chopper quelques jolies vagues au milieu des locaux pas très partageurs, et pas toujours corrects. Je prends aussi quelques branlées, secoués par les vagues comme dans une machine à laver. Crampes aux jambes, bras meurtris et crane cramé viennent à bout de moi, il est temps de sortir de l’eau et reprendre la route de Perth, il y a encore quelques heures de route.

Arrivés à Perth, ou plus précisément à « Cottesloe », quartier côtier au nord de Fremantle. Bevan et Maja choppent une chambre au backpacker, on boit quelques bières sur la plage, les lumières de « Rottnest Island » au loin. La pluie fait son apparition, on se réfugie le temps de finir les bières, puis je me trouve une rue tranquille où garer le van pour la nuit, pas très loin de la plage pour avoir le bruit des vagues déferlant pour me bercer. J’ai un peu faim, car on n’a pas eu le temps d’avaler quelque chose ce soir, seules quelques bières, un peu de biscuits et confiture pour seul repas, je me rattraperai au petit dej demain matin. Bonne nuit ZZZzzzzzz….

 

Mardi 21,

Je retrouve Maja pour aller chercher le surf, on se balade le long de la promenade espérant trouver quelques vagues surfables mais c’est trop petit, du coup on prend un pti dej avec Bevan au Backpacker, puis il est temps de prendre la route du Nord.

Je tourne un peu dans Perth pour trouver la route de la « Great Nothern Highway », ravitaillement à Mindland (bouffe, essence et surtout bières), et je prends résolument la route du Nord. L’autoroute est sans intérêt, même si rapidement elle devient une route de campagne traversant d’immenses fermes. Je ne dépasse pas le 100 Km/h, par contre je me fais régulièrement dépasser par les « road train », immenses camions pouvant faire jusqu’à 36 mètres de long.

Le van vibre dans tous les sens, je n’aime pas trop ça, et rapidement je prends les sorties des aires de repos, dés que je vois l’un de ces monstres grossir dangereusement dans mon rétroviseur. A la vitesse où ils roulent, je me demande qu’elle serait leur distance de freinage, je pense que la signalisation des prochaines stations essences bien à l’avance n’est pas superflue pour eux.

Road train

 

La route est longue et monotone, je quitte enfin « l’autoroute » à une voie, direction « Cervantes » et le « Namburg National parc » où se trouve le fameux désert des « Pinacles », formations calcaires qui ressemblent à d’énormes termitières. Il est encore tôt lorsque j’arrive à Cervantes, je préfère attendre le coucher du soleil pour voir les pinacles, histoire de voir cet endroit dans les conditions les plus spectaculaires. En attendant, je fais un tour sur les plages, au cas où un surf se présenterai. Les vagues sont minis, mais les plages toutes mimis : Sable blanc, eau turquoise, l’on se croirai aux Bahamas. Je passe aussi par le lac d’algues stromgolites, écosystème très ancien et maintenant très rare. Les algues donnent une coloration verte fluo très psyché, bref très moderne, ou comment faire du neuf avec du vieux.

Balade sur la plage

 

Le soleil commence à décliner, direction le désert. Une tache orange se dessine au loin, au milieu de la végétation, ce sont bien les pinacles droit devant. Autour, de la bruyère et des fleurs sauvages à perte de vue, la mer n’est pas loin non plus et les pistes menant aux plages valent le détour.

La ranger à l’entrée me confirme que l’on ne peut pas camper à l’intérieur, je m’en doutais vu que tous les campings de bord de mer ont des panneaux très significatifs, et les rangers australiens ne sont pas forcement très souples. Par contre elle m’indique une piste vers « Julian Bay » où il y aurai moyen de camper à la sauvage.

Le désert est très impressionnant, une terre rouge – orange sert de socle à d’innombrables formations calcaires de la même couleur. Elles s’y dressent par milliers, atteignant parfois 5 mètres de haut. Une piste passe au milieu de cette étrange planète. Les pinacles sont durs comme de la roche et prennent des formes étranges de fallus.

Les reflets de la lumière du soleil déclinant, ajoute un plus non négligeable à la magie du lieu, le moment est propice à la photographie, et comme tous les déserts, le calme tombe avec la nuit, ensoleillant notre paix intérieure, c’est beau n’est ce pas ? C’est normal ça ne veut rien dire, mais le lieu inspire le poète que je ne suis pas.

Je me promène à pied au milieu du décor jusqu’au dernier rayons, puis il est temps de prendre la route de « Julian bay », et trouver un coin tranquille pour la nuit.

Les pinacles

Les indications étaient bonnes, je trouve facilement la piste recommandée, personne sur la route à part quelques kangourous, il fait maintenant nuit noire, il faut les éviter, alors qu’ils ont tendance à courir dans les phares, le meilleur moyen et d’éteindre les phares pour qu’ils quittent la route, mais pas trop longtemps car sinon le van risque lui aussi de quitter la route.

Un peu plus loin, un espace un peu dégagé au bord de la piste, avec un ancien feu de camp que je rallume. La mer n’est pas loin, j’entends le bruit des mini vagues se brisant sur la grève, pas de déferlement donc pas de surf.

Soirée pâtes et patates au coin du feu, sous les étoiles, il n’y a rien autour, pas mal pour la première nuit du trip vers le nord. C’est l’heure de se coucher, avant il me faut éteindre le feu, faire quelques tâches ménagères et enfin le dodo, je suis un peu éclaté, ce soir j’ai déjà atteint le 2000 ième kilomètre avec le van. Allez, bonne nuit.

 

Mercredi 22,

Les kangourous passent par-là, pendant que je prends mon café et avec la clope viens le troisième « C », le compte est bon. Il est encore tôt, mais déjà temps de prendre la route, elle sera longue aujourd’hui. Une fois Julian Bay atteint, la route longe la côte, je vérifie le surf, toujours aussi petit, dommage car les plages sont toujours aussi belles.

Nouvelle donnée aujourd’hui : Le vent. Un vent de terre (donc de travers pour le van) à décorner les bœufs. Le van sur la route bouge dans tous les sens, les deux mains sur le volant ne sont pas de trop pour compenser les rafales latérales. La route jusqu’à « Geraldton » est un peu longue et monotone, à part quelques points de vue sympas sur la mer.

Les fermes immenses se succèdent, champs de luzerne à perte de vue, puis j’arrive en milieu d’après midi à « Kahbarri » et son parc naturel en bord de mer.

Le parc offre des points de vue magnifiques depuis les falaises qui tombent à pic dans la mer. La côte déchiquetée par les éléments naturels me fait penser à un paysage normand. Les kangourous y sont nombreux, je cherche des yeux les baleines à bosse qui redescendent vers le sud à partir de septembre, pour s’y nourrir. Je fini par voir son spray caractéristique, à une centaine de mètres de la côte, parfois j’aperçois sa tête qui émerge hors de l’eau pour respirer. Juste avant, à « eagle rock », j’observais les aigles tournoyer au-dessus des falaises ou faire du surplace face au vent, guettant une proie potentielle..

Falaises de Kahbarri

Je rencontre d’autres « Wicked camper » van comme le mien, Véritable signe de ralliement, ces vans facilitent les contacts. Jusqu’à présent je n’avais rencontré que des retraités ou des japonais. Un supporter de Tottenham reconnaît mon maillot de l’OM, il est étonné que je voyage seul. La solitude depuis deux jours commence à faire ses premiers effets, je commence à me parler à moi-même, mais c’est plus la route qui me pèse, les distances pour arriver à des endroits comme les « pinacles » ou à  « Kahbarri » sont importantes, il n’y a pas grand chose à voir entre, à part la route longue et rectiligne. La nature n’est pas encore assez sauvage, et un compagnon de route pour faire la conversation me manque un peu dans ces moments là.

Pourtant, je décide aujourd’hui d’aller au-delà de « Kahbarri », l’objectif que je m’étais fixé pour aujourd’hui. Je veux éviter camping et caravan park autant que possible tout au long du trip, ce serai pas mal. 

Je traverse les 50 Kms de piste à travers la réserve, en allant cette fois vers l’est, au moment où le soleil se couche. La route change complètement, le bush s’étale à perte de vue : Que des buissons, pas un arbre. Une marée verte toute plate que la route transperce d’une flèche de latérite, un vrai bonheur.

Je rejoins la route goudronnée lorsqu’il commence à faire nuit, j’ai hésité à poser le van sur un bout de piste parallèle à la piste principale, à la sortie du parc, mais l’endroit était un peu trop prés des fermes, j’entends des voix pas très loin, je préfère allez voir un peu plus loin.

Une fois sur la route, j’emprunte une piste perpendiculaire, il n’y a rien à part des lapins couchés sur la piste, et des barrières tout le long. Même pas la place de poser le van sur le bas côté. J’essaie la piste suivante un peu plus loin, là aussi des barrières, je finis quand même par trouver un bas côté un peu dégagé pour poser le van, la piste à l’air peu fréquentée, je m’installe et on verra bien. De toute façon il commence à se faire tard à force de faire des allers retour sur les pistes.

Le temps de faire cuir un peu de riz, tout en sirotant une bière, personne n’est passé sur la piste, ça à l’air plutôt calme, on va tenter d’y passer la nuit, demain il fera jour. 500 kms de route aujourd’hui, ça suffisait comme ça, à priori demain j’aurai moins de route à faire.

Aujourd’hui j’ai vu d’autres trucs sympas dont j’ai oublié de parler, par exemple le « white point » avant « Geraldton » : Dunes de sable blanc au bord de la plage, puis un lagon tout rose («Hut lagoon »), je croyais avoir trop roulé et être arrivé au lac rose de Dakar ! La salinité doit y être aussi élevée, sauf que le « Hut lagoon », lui n’est pas entièrement rose, mais bordé d’un bleu très sombre, avec une délimitation entre les deux couleurs assez nette. Autre étrangeté aujourd’hui : des tournesols sauvages au bord de la route, sur des kilomètres.

Le "Hut lagoon"

 

Jeudi 23,

Réveil en trois temps, tout d’abord un oiseau qui marche sur le toit du van, j’ouvre un œil, le soleil se lève à peine, puis une voiture qui passe en trombe sur la piste, et enfin j’entends un truc qui se crash dans la barrière juste à côté du van, je regarde par la fenêtre c’est un kangourou, un peu bigleux selon toutes apparences, UNE kangourou puisque depuis sa poche, émerge la tête d’un bébé. D’autres kangourous me rendent visite pendant que j’avale mon café en regardant le soleil se lever. Finalement c’était un bon spot.

La route très tôt le matin, c’est top ! Il n’y a personne ! Pas un chat et il ne fait pas encore trop chaud. La température s’est nettement relevée depuis Margareth River.

La route change complètement de paysage, désormais ce n’est que du bush, plus de fermes, de pâturages, de barrières, ça devient vraiment sauvage, et cela n’est pas pour me déplaire.

Un petit Johnny Clegg en fond sonore, c’est parfait.

Ce matin je suis de très bonne humeur, d’abord parce que le paysage change dans le bon sens, ensuite parce que je sais que je n’aurai pas beaucoup de route à faire aujourd’hui.

Les paysages me rappellent ceux d’Afrique : La végétation basse et sèche, sur la latérite rouge-orangée.

Paysage typique

Vers 09H00 du mat je suis déjà à « Billabong », un bled perdu au milieu de nulle part, juste de quoi ravitailler, autant dire que ce bled porte bien son nom d’oasis australien. Le prix de l’essence est exorbitant mais je n’ai pas vraiment le choix vu l’isolement du lieu, c’est bien pour cela que l’essence est aussi chère d’ailleurs.

J’arrive ensuite sur la péninsule de « Peron », la route y est magnifique, que du bush bordé de fleurs sauvages, jaunes puis mauves, couleurs éclatantes au soleil, un régal pour les yeux.

Je fait le tour des points de vue sur « Sharks bay » ou « Hamelin pool nature reserve », de l’autre côté de la péninsule. La mer est un lac bleu turquoise, sur « Sharks bay » on voit la différence de couleur de l’eau, marquée par le récif, de l’autre côté la plage n’est que coquillages à perte de vue, pas de sable, uniquement des coquillages de petites tailles, sur plusieurs mètres de profondeur d’après ce qu’expliquent les panneaux à l’entrée. Ce phénomène est paraît-il très ancien, et spécifique à cet endroit. On y prélève même des blocs de coquillages compactés, qui font office de briques de construction, qui n’a pas rêvé d’une maison en coquillage ?

Autre particularité, les stromatolites, forme de vie la plus ancienne que l’on puisse trouver sur terre, 3,5 milliards d’années, autant dire que l’on ne grimpait même pas aux arbres à cette époque. On en trouve dans deux endroits dans le monde dont ici sur la péninsule de « Peron », en western australia, des scientifiques ne viennent ici que pour elles, ce sont les stars de la région. Les stromatolites sont des formations vivantes (au même titre que le corail) faites par une bactérie marine qui ne survit que dans des conditions atmosphériques très particulières, et si elles n’ont pas de prédateurs, d’où sa rareté, cet endroit est décidément très spécial.

Les stromatolites

Je déjeune juste avant « Denham », au bord d’une rivière qui se jette dans la mer, elle est entourée par les dunes, la plage n’est pas loin. L’endroit est vraiment magique, un couple âgé m’apprend que l’on peut y camper, intéressant. La baie est apparemment infectée de requins (elle est juste derrière « Sharks bay »), donc je me baigne dans la rivière.

A « Denham », je rencontre un irlandais qui cherche à aller à « Monkey Mia », à 25 bornes de là. Un auto-stoppeur dans le coin … surprenant c’est assez désertique, il fait bien chaud pour marcher sur le goudron, d’ailleurs il est bien rouge ! Il s’appelle Consi, cela fait un an qu’il voyage, il cherche à remonter toute la côte occidentale, le plus possible en auto-stop, mais il galère pas mal pour être pris, hier soir il était à deux doigts de dormir au bord de la route. Il arrive d’Afrique du sud, donc on a du grain pour discuter, sans compter que le courant passe tout de suite entre nous.

Je le dépose à « Monkey Mia », l’endroit est réputé pour habiter une famille de dauphins qui vient rendre visite aux badauds tous les matins, dans 20 cm d’eau, en échange de quelques poissons. Ils ne les nourrissent pas trop pour qu’ils continuent de chasser pour eux même. C’est une femelle dauphin, du nom de « Mia » qui avait l’habitude naturelle de venir au contact des hommes, dans les années 60, elle a transmis cette habitude aux générations suivantes. Je me tâte à rester pour la nuit dans le coin, le spectacle me paraît un peu trop touristique et orchestré.

Je me balade sur la plage pour prendre la température des lieux, me pose sur le ponton, point de repère des dauphins, l’ambiance à bien quelque chose de magique, j’ai quand même bien envie de voir ce spectacle, mais je suis encore un peu rebuté lorsque je voit des photos avec 40 personnes dans l’eau autour des dauphins, trop de monde pour moi.

Je croise Consi sur la plage, il m’apprend que les dauphins arrivent plutôt que l’heure annoncée par les rangers, il cherche également un moyen de transport pour le lendemain pour continuer vers le nord. Ces deux données finissent de me convaincre.

C’est décidé, je passerai la nuit à « Eagle creek » où j’ai déjeuné, à 40 bornes de là, puis je me lèverai aux aurores pour être le plus tôt possible sur la plage avant qu’il n’y ai trop de monde, et je pourrai emmener Consi vers Coral bay où je comptait me rendre demain, un peu de compagnie ne ruinera pas la solitude que j’apprécie de plus en plus.

Bout d'une piste à Shark bay

Je continue ma balade du coin, emprunte quelques pistes un peu chaotiques, mais le van tient le choc, il à l’air de marcher de plus en plus, pourvu que ça dure ! Comme dirait Lafesse.

Au bout d’une piste en latérite rouge, la mer bleue, et au milieu une sorte de parc à huîtres sur pilotis, vision surnaturelle.

Retour sur mon spot pour la nuit, j’observe le coucher de soleil sur « Sharks bay », depuis les dunes, avec une bière locale à la main (« Emeu »), puis je pose le van juste au bord de la rivière et d’un petit étang. Ce soir c’est saucisses, fayots et quelques piments achetés dans une ferme du côté de « Danemark ». Le ciel est couvert, dommage, pas d’étoiles dans le ciel, mais des étoiles plein la tête.

Demain matin, lever 06H00 pour aller voir les dauphins, le spot possède également des dugongs (ou « vaches de mers »), tortues, serpent de mer, baleines à bosse, requins tigres, que du beau monde ! Au-delà vers le Nord s’étend la route vers Coral bay (60 Kms de long), où se prolonge la barrière de corail, l’une des plus longues du monde après la grande barrière, mais la plus proche de la côte. Je partagerai la route avec un supporter du 15 de la trèfle, Consi. Il est déjà tard (20H30 !), bonne nuit, je vais m’endormir en lisant le journal de bord de James Cook, un authentique explorateur, à bord de mon van, mon « Endeavour » à moi.

Camping au bord de la rivière

 

Vendedi 24,

Lever à 06H00 du mat, avec le soleil, j’avale un petit dèj tout en admirant le spectacle des premiers rayons de soleil se réfléchissants sur les eaux calmes de l’étang, puis départ rapide vers « Monkey Mia », en espérant arriver tôt, avant la foule, pour voir les dauphins.

La route pendant l’aurore est superbe, mais plus longue que prévu, je n’arrive là bas que vers 07H15, il y a déjà un peu de monde (genre 7-8 personnes), les dauphins sont déjà là, eux sont une dizaine.

Conci était là à 06H30, ils n’étaient que trois personnes sur la plage, et les dauphins étaient déjà là. Malgré le monde qui se fait de plus en plus important, c’est tout de même impressionnant de les voir dans 50 cm d’eau, à deux mètres de toi. Deux d’entre eux, les femelles les plus âgées, s’approchent de moi, alors qu’il y a maintenant une trentaine de personnes alignées le long de la plage, l’eau jusqu’au genou. Les dauphins me caressent les jambes avec leur nez, sortent la tête hors de l’eau et me regarde longuement, émettent des petits cris et des petits sifflements, tout le monde hallucine, et moi le premier. Elles restent là pendant prés de 10 minutes, collés à mes seuls pieds, les gens s’approchent autour prennent en photo la scène, me demandent si je n’ai pas mis du poisson sur mes pieds, sûrement que mes pieds doivent puer un peu, mais quand même !

Je mets la main entre mes jambes, et elles viennent se faire caresser le cou contre ma main, là je peux dire que j’ai n’ai jamais était autant en interactivité avec eux, même si on les croise souvent en surf, ils n’avaient jusqu’à présent jamais porté une attention particulière à moi, à part une curiosité naturelle.

Les gens me demandent quel parfum je porte, je leur réponds : « Bush, de pas lavé depuis trois jours ». Elles finissent par s’intéresser aux rangers qui viennent d’arriver, et aux poissons qu’ils brandissent. Je m’éloigne un peu et vais saluer Consi qui prenant des photos de moi avec les dauphins, sympa qu’il en ai pris, car mon appareil et tomber en panne de batterie pendant ce moment unique.

Les dauphins à mes pieds !

Je m’écarte un peu du groupe de gens. Deux bébés nagent un peu plus loin du groupe avec leur mère, c’est la première fois que j’en vois des aussi petits. Les femelles reviennent vers moi, l’espace d’une minute, puis s’intéressent à nouveau au groupe de gens, une mamie manque de tomber dans l’eau poussée par l’un un dauphin farceur.

Au bout d’un moment, c’en est vraiment trop, le micro, des dizaines de gens qui se bousculent, avec Consi on se regarde, c’est l’heure de prendre la route de « Coral bay », et de son récif qui entoure ses plages.

Les dauphins de Monkey Mia

La route est longue mais très agréable, il fait une chaleur de bête. Les paysages traversés ne sont que du bush, quasiment pas d’arbres, végétation basse mais dense et verte, quasiment du semi-désertique. La terre rouge et les fleurs sauvages s ‘ajoutent à ce panel de couleur, fleurs jaunes, blanches, mauves, …

On voit quelques émeus sauvages sur la route, ils traversent devant le van et prennent la pose au pied des termitières, le temps d’une photo. Arrivés à proximité de Carnavon, on arrête le van à l’ombre d’un arbre pour un pique-nique, non loin de là, une antenne parabolique géante se dresse sur la colline, un peu plus loin nous attend l’intersection pour Coral bay, la route prend la direction de l’océan pacifique, plein Ouest.

Les émeus

Je croise à nouveau le cycliste que j’ai vu deux jours auparavant, à 500 Kms de là, on roule à sa hauteur pour lui proposer de l’eau ou un snack, apparemment il n’a besoin de rien, pourtant il est rouge comme une tomate, faut dire que ça tape dehors. Il traîne un petit chariot derrière lui, ça doit tirer sur les cuisses dans les côtes, encore un fada !

Un peu avant Coral bay, on traverse des nuages d’insectes qui ressemblent à des grosses libellules, le par brise et le par choc avant est moucheté d’atterrissages manqués sur le van, qui lui a viré au jaune marron, beurk ….

On arrive à Coral Bay après 07H00 de route, le van « Endeavour » a bien marché, du 100 Km/h de moyenne, la journée est passée vite finalement, on a pas mal discuté avec Conci, de voyages, d’Afrique du Sud, de rugby, de foot (Conci est un grand supporter de Liverpool), musique, … Les gens qui voyagent ont toujours des tas de trucs intéressant a raconter, surtout ceux qui savent observer. Il a déjà connu des tas de situations insolites, rencontrés des tas gens surprenants, vu des tas d’endroits hallucinants en un an de voyage, ça vaut bien une vie entière. Il lui reste encore au moins une vie à vivre étant à la moitié de son périple.

On s’amuse à apprendre des mots en français pour lui, même s’il le parle un peu, et en Gaélique pour moi. Les rencontres c’est aussi ça, apprendre sur les autres et du coup sur soi même.

 

Bref, je le dépose au backpacker, puis vais jeter un coup d’œil sur internet voir si il n’y aurai pas moyen que je roule jusqu’à « Broome », pour laisser le van là bas, et prendre un vol jusqu’à Perth, plutôt que de redescendre par l’autoroute appelé « Great Western highway », apparemment sans intérêt. Il y a un vol qui colle bien, mais ça revient un peu trop cher, tant pis.

Direction la plage pour boire une bière avec Consi, tout en regardant le coucher du soleil sur la baie entourée par les récifs coralliens. L’endroit est assez magique, le village est à taille humaine et pas encore trop pollué par des grosses compagnies de tourisme ou hotels, à mon avis ça ne durera pas malheureusement. Coral bay est vraiment le genre d’endroits où t’as envie de poser tes valises et profiter du moment présent en allant à deux à l’heure. Il y a deux backpacker, un camping et deux bars, point final.

Sur la plage, arrivent d’autres irlandais qui circulent en bus dans un voyage organisé, Conci les as rencontré la veille à Monkey Mia, ils ont prévu une petite fête au backpacker ce soir, je me laisserai bien tenté, même si ce n’est pas trop dans l’esprit de mon trip jusqu’à maintenant, mais ça peut être agréable de rencontrer d’autres personnes autour d’une bière.

Coral Bay

Je dormirai dans mon van, derrière le backpack, le camping est juste en face, je m’y glisse incognito pour me raser, prendre une douche et passer un coup de téléphone en France. La douche fait un bien fou, j’étais devenu bien crasseux, et avec la chaleur, ça commençait à refouler un peu. Je sors de là comme un homme neuf, on apprécie d’autant plus le décrassage lorsqu’il est rare, comme tout le reste d’ailleurs.

On enchaîne les tournées de bière chacun son tour, le rythme est soutenu avec les irlandais ! Conci nous raconte ses aventures ou mésaventures en Asie du Sud Est, notamment les bas fond de Bankok. Le cercle s’agrandit, toutes les nationalités sont maintenant représentées, puis minuit sonne la fin de la soirée, le bar ferme, je suis bien éclaté après sept heures de conduite, autant de bières et un lever à 06H00 ce matin. C’est l’heure du dodo sur le parking des anges. ZZZzzzz

 

Samedi 25,

Je suis réveillé super tôt par les plongeurs, pêcheurs qui se préparent ou les lève-tôt qui circulent sur le parking. La ville, par ses activités est donc très matinale. A 06H30 je m’installe donc sur la plage pour prendre mon peti dej, l’eau du café chauffe sur le réchaud. La plage est quasiment déserte, à part quelques pêcheurs entrain de mettre leurs bateaux à l’eau. Une fois le ventre remplis, je marche le long de la plage, et remonte les baies les unes après les autres. Quelque joggeurs font le même parcours que moi.

 

Le récif longe toute la plage sur des centaines de Kms (je vous rassure, je n’ai pas marché autant), et s’étend sur plusieurs centaines de mètres au large. On voit la fin du récif par les vagues qui s’y fracassent, et par le changement de couleur de la mer. Entre la plage et le récif, c’est donc un lagon naturel, aux teintes turquoises, suggérant un endroit paradisiaque comme Tahiti, il ne manque plus que les palmiers. Il suffit de nager à dix mètres du bord pour être au-dessus du corail.

Balade le long de la plage de Coral Bay

 

Je retourne en ville pour louer palmes, masque et tuba, et je passe le reste de la matinée à barboter au-dessus du récif : Poissons perroquets, raies, « angel fish », « trigger » fish … bref tous les poissons coralliens y sont représentés. Pas de tortue ou de requins coralliens pourtant très communs ici. Il y a même des requins tigres qui rentrent par les passes ! Une française de Perth s’est retrouvée nez à nez avec l’un de ces monstres, justement ici à Coral Bay, sur la plage de « paradise beach », au nom évocateur. On a beau se dire que c’est une rencontre pas très commune, on ne peut s’empêcher d’y penser.

Il est temps de reprendre la route, je récupère Conci au backpacker et en route pour « Exmouth » où j’espère plonger sur l’un des sites les plus réputés au monde : Le « Navy pier ».

La route est courte cette fois ci, mais toujours aussi belle. Trois émeus traversent, de la même famille que sa cousine africaine l’autruche, mais en plus photogénique.

Le long de la route, s’étale à perte de vue des champs de termitières énormes, très espacées les unes des autres.

Exmouth à moins de charme que Coral Bay, on sent l’industrie lourde du tourisme. Seuls intérêts : La plongée, et la piste du bord de mer qui redescend vers le Sud et le « Cape Range National Park ». Ce parc possède parmi les plus vieilles roches du monde.

Je passe par l’office de tourisme après avoir déposé Conci dans un backpacker, coup de bol, le site du « Navy pier » vient de réouvrir il y a quelques semaines à peine, après avoir été fermé pendant des années, et une plongée y est organisée demain. Le site est assez particulier, car il est situé sous une plate-forme au bout d’un long ponton, dans une base navale américaine.

Je réserve donc une plongée demain à 13H00, horaire inhabituel car la sécurité sur ce site, dépend des horaires de marée, le courant étant plus fort à marée descendante, ce qui peut être un problème vu les énormes pylônes recouverts de coquillages coupants qui entourent le site. A mon avis la plongée doit être bien meilleure le matin, on verra bien, les raies mantas seront peut être au rendez-vous.

On déjeune sur la plage avec table, glacière, chaises de camping, … tout en observant le spectacle d’un banc de poissons pris en chasse et poussé vers la plage. Vu la taille de la proie, j’imagine celle du prédateur …

Je pars me baigner avec masque et tuba pour voir ces fameux prédateurs, à part une raie je n’ai pas vu grand chose. On roule ensuite jusqu’à un spot de surf, il y a une belle gauche qui déroule devant le phare, demain ce sera surf et plongée !

On monte en voiture jusqu’au phare, il a subi les attaques répétées des japonais pendant la guerre sans jamais être touché, et a fini par succomber à un ouragan juste après la fin de la guerre. Il a depuis, était reconstruit à l’identique.

La vue depuis le phare est superbe, une baleine à bosse signale sa présence un peu plus loin, par son jet d’eau caractéristique. Je dépose Conci, je le verrai peut être demain avant la plongée pour lui dire au revoir, car c’est ici que nos routes se séparent, il cherche à continuer vers le nord, alors que je vais moi obliquer vers l’est avant de repiquer plein sud pour Perth. Dans tous les cas ça aura était une belle rencontre, j’espère qu’il va trouver un moyen de poursuivre sa route rapidement.

 

De mon côté, je décline l’invitation pour une nouvelle soirée dans le backpack, je préfère aller camper dans les dunes à côté de la plage. Je reprends donc la route du sud, dépasse le phare et un peu plus loin trouve une piste qui s’arrête sur un parking au pied des dunes me séparant de la plage. Il n’y a pas de panneau d’interdiction de camper sur celui là, et je suis bien au milieu du bush : Nickel !

Vue imprenable au réveil

 

Une bière dans la main droite, le cul sur les dunes pour regarder le coucher de soleil, une habitude ma fois bien agréable, je profite du moment présent. Un bon plat de pâtes puis dodo super tôt (20H00), j’ai besoin de récupérer car les derniers jours vont être durs, beaucoup de conduite au programme.

 

Dimanche 26,

Je me réveille vers 06H00 du matin, je deviens un lève tôt ! Qui l’eu cru ? Pas moi. Je trace directement vers le « Cape Range National park » plus au sud. A l’entrée du parc, je vois une outarde australienne, de loin très semblable à celle d’Afrique, aussi imposante. Non moins imposant un peu plus loin, deux « Ospreys » (aigles) de 60 cm de long, grignotent sur les restes d’un kangourou accidenté de la route. Quelques kangourous, wallabies, puis j’arrive à « Turquoise bay », personne à l’horizon, la plage est incroyable, sûrement la plus belle que j’ai eu la chance de voir pendant ce trip, la couleur de l’eau justifie largement le nom de l’endroit. Le fait que je sois seul sue la plage rajoute de la beauté du site. Je me mets à l’eau avec palmes, masque et tuba, et je me laisse dériver par le courant jusqu’à un banc de sable. Je plane au-dessus du récif, sans efforts, porté par le courant, le récif est superbe, bien plus beau qu’à coral bay ou certains site de la grande barrière de corail elle-même, poissons de récif de partout et même une tortue, je lutte un peu contre le courant pour rester prés d’elle et la suivre quelques minutes, moment vraiment magique.

Un osprey

Je reprends la route et visite d’autres plages, toutes à tomber à la renverse et personne à l’horizon, c’est un véritable lagon qui s’étale tout le long de la côte, magique !!

Je visite également des mangroves, depuis un poste d’observation je regarde évoluer des hérons, aigrettes et j’en passe.

Turquoise bay

Direction le phare pour surfer, personne à l’eau lorsque j’arrive, il y a beaucoup de vent, difficile d’évaluer le courant. La vague au large, qui est une gauche, est superbe, mais peut être un peu loin vu le vent et le peu de temps dont je dispose avant la plongée. Je n’ai pas envie de passer une heure à ramer.

Je privilégie donc la vague en face de la pointe qui est déjà superbe, faudra juste faire gaffe aux rochers car il y a un mètre d’eau entre la surface et le récif. Je vois quelques tortues qui remontent à la surface quelques secondes, le temps d’inspirer quelques bouffées d’air. Les vagues sont vraiment sympas, même si elles ont tendance à fermer un peu. Deux français arrivent ensuite sur le spot, ils travaillent dans les fermes pour payer leurs vacances, comme beaucoup d’autres jeunes européens.

Il est déjà temps de rentrer à Exmouth pour aller faire ma plongée, je passe dire au revoir à Conci, je le trouve devant le poste Internet à la recherche d’un transport. Ils me donnent les derniers résultats sportifs, que des bonnes nouvelles donc tout va bien. On se dit au revoir et rendez-vous sur Internet après le France – Ireland de la coupe du monde de rugby !!

Le club de plongée vient me récupérer devant l’office de tourisme, il y a beaucoup de formalités à passer, pour la sécurité, les accès à la base navale, distribution des équipements… Le site est un site protégé par le patrimoine mondial de l’Unesco, mais aussi par l’armée américaine. Cette base autrefois utilisée par la flotte navale américaine pendant la seconde guerre mondiale, et aujourd’hui uniquement utilisée pour entretenir d’immenses antennes radars qui émettent à basses fréquences vers les sous-marins, jusqu’à d’importantes distances. C’est donc aujourd’hui une importante base de communication pour l’armée américaine. Le ponton est désormais désaffecté et utilisé par les clubs de plongée, mes les allées et venues sur la base sont étroitement surveillées.

Avec le temps, un véritable récif c’est formé là dessous, entre les pylônes en métal et les barres métalliques de supports qui s’entrecroisent. La vie sous-marine y est incroyablement riche, à tel point que le site est classé parmi les dix plus beaux sites de plongée au monde, cité par Cousteau lui-même. Une équipe de caméraman accompagne le groupe pour y faire un reportage, j’ai rencontré la cameraman au bar de Coral bay, elle est imbuvable.

Je serai en tandem avec la chef de palanquée qui est une jeune française. On traverse la base, en fait une seule antenne est émettrice, l’autre douzaine d’antennes servent uniquement à alimenter l’antenne émettrice, elles font chacune environ 100 mètres de haut ! D’énormes câbles en acier sont tendus entre le sol et leurs sommets, pour les amarrer solidement, tout cela est assez impressionnant.

La plongée est à la hauteur de ce que j’attendais, une plongée incroyable avec beaucoup de vie autour du site : D’énormes bancs de barracudas, caranges et autres, également 4 énormes mérous, un requin de récif, un requin nourrice, un requin woobigong, un poisson crocodile (très rare), beaucoup d’espèces de murènes différentes, et de poissons coralliens différents. L’enchevêtrement de pylônes et de barres métalliques, dans l’obscurité de la plate-forme, donne un aspect assez surnaturel à la plongée. On entend au loin le chant des baleines, qui sont en période de reproduction. L’apothéose aurait été de voir des raies matas, qui passent de temps en temps sur le site, malgré la faible profondeur (10 mètres).

La plongée terminée, je récupère le van, une longue route m’attend encore. Il est déjà un peu tard (17H00) lorsque je quitte Exmouth. J’essaie d’avancer un maximum avant la nuit. Je vois de nouveau deux « ospreys » (aigles), au bord de la route, puis quelques kangourous qui recommencent à circuler aux températures les plus douces de la journée, et du coup ont une fâcheuse tendance à se retrouver au milieu de la route, la hantise des voyageurs, surtout lorsque l’on roule de nuit et qu’ils sautent dans la lumière des phares.

Vive le Bush !

 

Je rejoins « l’autoroute » au moment où la nuit s’installe. Je n’ai jusqu’à maintenant rencontré quasiment aucune voiture depuis Exmouth (150 kms). Je fais encore une trentaine de bornes, la fatigue se fait sentir. Je m’arrête sur une aire de repos pour la nuit, demain objectif rejoindre le « Karidini National Park », encore à 400 bornes de là, puis j’aurai deux jours pour rejoindre Perth, très longue route qui ne m’enchante guère, ça sent la fin, j’ai maintenant hâte d’être rentré, d’avaler cette longue route, et ramener le van en bon état, à destination. Cela passe d’abord par une bonne nuit de repos, je me lèverai tôt demain, pour avancer un maximum aux heures fraîches. Après quelques bières au pied d’un feu de camp, je me couche.

Quelques camions passent encore en trombe, sur la route à une centaine de mètres de moi, les lignes droites sont tellement longues, que l’on voit leurs phares au loin, 10 minutes avant qu’ils ne passent à ma hauteur.

 

Lundi 27,

J’avale un café vers 06H30, et reprend la route vers Karidini. Après 70 bornes, je m’arrête à la station essence de « Nanutarra », la prochaines est à 400 kms, à « Tom Price », juste avant l’entrée du parc national. Inspection générale de l’état du van , Il a bouffé un peu d’huile, j’en fait le plein, va falloir que je surveille ça de prés. Plein d’essence, de glace, d’eau, et de gaz pour le réchaud, la bouteille commençait à faiblir, hier soir j’ai fini la cuisson des pâtes sur les braises.

Je suis paré pour attaquer la grande étendue désertique de Pilbara. En chemin je rencontre à nouveau des Ospreys et autres oiseaux de proie. Egalement des nuées de perruches roses et blanches, elles s’envolent par nuages à mon passage, vision un peu surprenante vue l’aspect très désertique du coin. Un dingo traverse la route au loin, je le vois s’éloigner en trottinant vers les massifs rocheux.

Le paysage est hallucinant, il ressemble de plus en plus à l’Afrique, et notamment à la Namibie, avec ces grandes plaines rocailleuses entourées par des collines dénudées, bientôt montagnes. Très peu d’arbres, juste des épineux et de la paille jaune qui contraste avec la terre rouge sang, la palette de couleurs s’étend de temps en temps, par des fleurs sauvages qui bordent la route par centaines, et offrent une voie mauve, rouge, parfois jaune, à l’épopée finale de mon « Endeavour », dire que Cook devait voir que du bleu lui.

Paysage de Karidini

 

Plus j’avance, plus le paysage est désertique, ça ne donne pas envie de tomber en panne, surtout que je ne rencontre pas des masses de voitures, et le coin n’est pas vraiment peuplé.

La mise en route est difficile après la journée d’hier, j’avale un red bull gardé en réserve, pour tenir le coup. Les paysages aident énormément à enchaîner les kilomètres.

 

J’arrive à la piste qui doit me mener à Tom Price, c’est un raccourci sur la carte, sauf que les 100 Kms de piste que j’affronte, sont une calamité, la piste est complètement défoncée, gondolée par les ruissellements et le passage des 4*4s et des camions. « Endeavour » roule à parfois à 30Km/h, vibrant dans tous les sens, j’ai l’impression que les visses vont toutes lâcher. Je vérifie régulièrement l’état des pneus. Je suis le seul véhicule sur cette piste à ne pas être un 4*4, et je comprends pourquoi, maintenant je m’attaque à des véritables trous d’eau, j’hésite presque à faire demi-tour, mais quand je vois que j’ai fait plus de la moitié …

La terre est tellement dure que la boue est inexistante au fond des trous d’eau.

Endeavour tient le cap dans la tempête, et je suis heureux de retrouver la piste goudronnée, soulagé que le van est tenu le choc, mais je fais quand même un examen approfondi de l’état du van, les visses, sous le capot, sous le van … Bon pour service, et c’est reparti par Karidini.

 

J’arrive rapidement au milieu des montagnes, des gorges, des paysages de fous ! J’ai envie de m’arrêter tous les 10 mètres pour prendre une photo. Je continue d’avaler les Kms, et fini par m’arrêter avant la sortie du parc, à « Dales Gorge ». Je déjeune au bord d’un canyon, puis emprunte le chemin qui y descend au fond, vers les trous d’eau et les cascades, le temps d’une baignade. Je visite deux spots splendides, pique une tête pour me rafraîchir et remonte peu de temps après, je n’ai malheureusement pas le temps de m’attarder, j’ai encore 200 bornes jusqu’à Newman, la ville minière, mon étape de ce soir.

Dales gorge

 

Sur la route, un motard est en rade, malheureusement je n’ai pas les bons outils pour l’aider, d’autres 4*4s s’arrêtent, il aura peut être plus de chance. La veille j’avais également rencontré un jeune cycliste stoppé dans une station essence, les rayons de sa roue en lambeaux, vu le poids qu’il transportait sur sa bécane, pas étonnant. La panne est toujours un peu la hantise des gens qui parcourent ces zones isolées. Je n’ai pas vu un «wicked camper van » dans le coin, il y a si peu de voitures à croiser, que les gens se font signe de la main systématiquement lorsqu’ils se croisent.

 

Je traverse les montagnes d’Ophtalmia, le soleil descend dans mon dos, alors que la pleine lune se lève devant moi. Arrivé aux abords de Newman, je croise les mines de fer dont le fameux Mont Newman, gigantesque mine à ciel ouvert, des énormes nuages de poussière soulevés par les engins, s’élèvent du sommet. La montagne ne doit être qu’un fromage percé de labyrinthes, sillonnant ses flancs. Sur les derniers Kms, les mineurs rentrent eux aussi en ville, et me doublent à bord de leurs 4*4s poussiéreux, surmontés de leurs antennes VHF.

J’arrive à Newman avant la nuit, les mineurs couverts de poussière déambulent dans la ville, ainsi que la communauté aborigène qui semble encore plus miséreuse qu’ailleurs.

 

Je décide de passer la nuit dans le « caravan park » un peu sordide, où se mélangent baraquement de mineurs et voyageurs de passage, l’occasion de me débarrasser de toute la poussière bouffée sur la piste, et de passer un coup de fil en France, à Charlotte et la famille.

Il m’était difficile aujourd’hui de dormir sur la route pas loin de Newman, entre les réserves privées aborigènes et les accès aux mines, tout aussi privés.

 

Il me reste environ 1200 bornes jusqu’à Perth, les deux prochains jours risque de n’être que de la route à avaler, pour moi le trip est quasiment fini, je dois ramener le van en entier, moins la boite à gant qui a pétée aujourd’hui, mon lonely planet est tombé sur sa porte. J’espère être à Perth le 29 au soir si tout va bien.

Le désert australien

Mardi 28,

Endeavour et moi reprenons la mer de sable de bon matin, mis à part les mineurs on est les premiers sur la route. Il fait encore frais à cette heure çi, autant en profiter, ça ne va pas durer. Mon bras droit va encore cuir le reste de la journée (et oui, on roule toujours à gauche).

Les « Road train » (énormes camions-trains), reprennent du service depuis Newman. Ils sont Impressionnants, surtout lorsqu’il faut les doubler, 35 mètres à dépasser, lancé à plus de 100 km/h, sur une route étroite. Heureusement les longues lignes droites ne manquent pas ! Ils transportent parfois des maisons, des pelleteuses, où d’autres gros camions de chantiers pour les mines.

Road train acheminant les engins des mineurs, tout est plus grand!

 

A « Kumarina » je décide de ne pas m’arrêter pour l’essence, d’après mon calcul, j’ai assez pour pousser jusqu’à la prochaine station, même si c’est un peu juste. Le calcul était vraiment étroit, j’arrive à « Meekatharra » sur la réserve bien passée! J’ai passé les 80 derniers Kms, le nez sur la jauge.

Les animaux morts sur la route ne manquent pas : Kangourous, vaches, dont l’une d’elle à eu les pattes et les boyaux traînés sur une bonne vingtaine de mètres, une véritable boucherie et la vache qui rit moins.

Les moutons ont l’air plus intelligent, car ils sont plus nombreux au bord des routes, mais aucune perte à déplorer dans leurs rangs. Les plus abrutis restent les kangourous, car eux, on ne les voit jamais vivants dans le coin. J’ai juste eu une fois un troupeau de vache qui m’a déboulé devant. Petit freinage d’urgence, sans problème, ça réveil un peu.

 

On m’avait annoncé une route longue et monotone, voir chiante, je l’ai trouvé passionnante, un régale de beauté. Les paysages sont excellents, que du bush, un peu toujours le même c’est vrai, mais la terre rouge et la végétation jouent d’alternance. Parfois de grands pans ( zones de dépression) blancs apparaissent, me rappelant les grandes étendues au centre du Botswana. Quelques montagnes au loin, et les champs de mine de temps en temps. Cela me donne l’occasion de voir l’Australie profonde, le « Outback », celle que l’on ne voit pas sur les cartes postales, celle qui est belle par son authenticité.

Les grands Pans

Je déjeune sur une aire de repos, à côté d’un camion traînant derrière lui 4 énormes citernes d’essence, lui il ne doit pas avoir peur de tomber en panne d’essence. Je fais une petite sieste réparatrice, le van garé à l’ombre d’un arbre. Une fois arrivé au Mont « Magnet », je voit les premiers panneaux pour Perth, plus que la moitié à faire quasiment, le van marche bien, je continue.

Les animaux accidentés de la route s’enchaînent, corbeaux et aigles jouent les charognes et festoient, ils ne prennent même pas la peine de s’écarter des cadavres à mon passage, j’ai failli taper un aigle à mon passage, qui a décollé vers moi, surpris au dernier moment.

En fin d’apresm, j’arrive à « PaynesFind » et ses mines d’or. Je sirote une bière dans une station essence, et discute avec un couple d’australiens eux aussi en route pour Perth. Ils m’apprennent qu’il y a une éclipse de lune totale ce soir, juste au coucher du soleil ! Hier j’avais remarqué que la lune se levait dans l’axe du soleil couchant. Excellente nouvelle pour ma dernière nuit avant le retour sur Perth. Je comptais camper dans le coin, ça promet d’être grandiose.

Je trouve un coin peinard 10 Kms après la petite ville minière et démarre un feu de camp pour chauffer mes fayots sur les braises, je campe dans un bush australien typique, avec sa latérite rouge qui prend une teinte spectaculaire sous l’éclairage du feu de camp. La nuit tombe et toujours pas de lune à l’horizon.

Dernier feu de camp avant le retour sur Perth

Puis soudain elle apparaît au-dessus des arbres avec les derniers rayons du soleil, à peine perceptible par sa couleur rose très pâle. Couleur incroyable due à l’atmosphère terrestre et sa position dans le ciel. Sa teinte peu être plus orangée selon la quantité de poussière dans l’air. Une fois le ventre plein, j’éteins le feu pour mieux profiter du spectacle, les étoiles commencent à briller comme dans une nuit sans lune, puis le soleil bascule définitivement, et petit à petit, le disque lunaire devient plus brillant. Il s’étale tout doucement au début, puis accélère jusqu’à offrir une nuit de pleine lune. Superbe spectacle.

Pendant l’éclipse, les camions rugissants sur la route se sont tus, laissant place à un silence assourdissant au sens propre du terme, au point où cela devient même une gêne auditive. Une fois la lune rassasiée de lumière et haute et fière dans le ciel, des oiseaux se mettent à chanter comme si c’était l’aube ! Il faut dire que la luminosité à ce moment là porte à confusion.

Ce n’est certainement pas l’aube pour moi, c’est plutôt l’heure d’aller se coucher, demain, plus que 400 bornes avant Perth, j’ai bien roulé aujourd’hui : plus de 800 bornes, et j’ai passé le 5000 ième km du trip tôt ce matin, une pincée de sel sur la proue, pour se vieil « Endeavour ».

 

Mercredi 29,

La nuit à était un peu plus fraîche que d’habitude, je fais la grasse mat jusqu’à 07H30 aujourd’hui, car j’ai tout mon temps pour arriver à Perth. Après l’habituel peti dej : Biscuits recouverts de nutella, trempés dans un café corsé, Endeavour et moi reprenons la route.

Les derniers kilomètres sont toujours les plus durs et les plus longs.

Bientôt le bout de la piste

 

La route traverse maintenant la campagne, plus verdoyante. Les paysages changent pour un monde plus humain ou plutôt plus habité par l’homme serait un terme plus approprié. En effet les grandes fermes apparaissent à nouveau, d’immenses prés d’un vert éclatant ou des champs de colza en fleurs, donnant l’impression d’une mer jaune s’étalant à l’infini. La route est toujours bordée de fleurs sauvages, les rangées d’arbres font leur retour, suivant les sinuosités de la route traversant les vallées. Côté champêtre et bucolique sympathique, mais la route est aussi plus étroite et très abîmée, des trous dans le goudron qui s’agrandissent aux passages des camions qui roulent comme des fous à plus de 100 Km/h sur des routes dangereuses. Pour ne rien arranger, le vent souffle violemment, agitant le van dans tous les sens. La limitation est la même que sur l’autoroute, la vitesse n’étant pas vraiment adaptée. Si tu as le malheur de rouler légèrement moins vite qu’eux, ils te poussent au cul, c’est pas le moment d’avoir à freiner brusquement. Du coup je m’arrête régulièrement pour laisser passer ces tarés, je suis ma vitesse de croisière et profite du paysage.

Retour dans les zones agricoles autour de Perth.

 

Ce matin j’ai passé le 6000 ième km, je l’ai fêté juste avant en voyant au bord de la route une sorte de renard avec les oreilles en pointe, de la taille d’un chien. Il se mélangeait aux corbeaux sur la carcasse encore fumante d’un kangourou.

 

Perth n’est plus très loin, je me dirige vers de gros nuages noirs, il est temps de s’arrêter déjeuner. Le vent est de plus en plus violent, cela en est même insupportable de manger dehors. Je reprends la route rapidement, bientôt la pluie et le vent battent en furie, Endeavour dans la tempête, bravant le dernier cap à franchir avant d’arriver au port.

Autre chose curieuse sur les mœurs automobiles, tout le monde met ses phares sur les routes rectilignes en plein jour, avec personne dessus parce que des panneaux le demandent, mais sous la pluie, avec une mauvaise visibilité assombrie par les nuages bas, personnes ne les met, le bon sens de la chose, une fois de plus, m’échappe.

Enfin Perth, arrivée sous la pluie. Je retrouve Bevan à Cottesloe, dans leur nouvel appartement. Café chaud et douche réparatrice. Dehors le vent souffle à mort, le célèbre vent de Perth n’est pas une légende ! John, l’un de leur colloc britannique, est là également, il n’aime pas trop mon maillot du 15 tricolore, trop de couleurs à son goût, ça chambre gentiment, mais il a la défaite un peu amère, c’est une habitude à prendre c’est tout. Kite surfer, il apprécie par contre l’invention française. Il ne pouvait pas mieux tomber en venant travailler dans un hôpital de Perth.

Bevan me montre son home cinéma 3D, avec en modèle d’expo un concert live de « Dave Mattews Band », un super groupe de musique dont le chanteur est d’origine sudaf. Puis Tony, un copain de Brisbane qui a récemment déménagé sur Perth lui aussi, nous rejoint. On passe la soirée affalé dans les canaps, à boire des bières et regarder par la baie vitrée la mer en furie.

 

Jeudi 30,

Le soleil est de retour, je me lève tôt, un peu la tête dans le cul, pour faire un brin de toilette à Endeavour, avant de le ramener chez lui. J’enlève une couche impressionnante de poussière rouge à l’intérieur. Je lui dis définitivement au revoir et rentre avec Bevan qui m’a suivi en voiture.

De retour, on check le surf : Plutôt bon ! Après la tempête d’hier qui a amené de la houle contre la côte. Le vent tombé, de jolies vagues déferlent tout le long du bord de mer, on a l’embarras du choix du spot. On s’en trouve un, chacun d’un côté d’une pointe. Mon spot est le spot des retraités, des papys rigolards et très sympas. Très bonne ambiance à l’eau, le genre d’ambiance qui te fait profiter d’avantage de ta session. De plus les vagues sont excellentes, cassant sur un récif, elles sont propres et longues. Puis le vent se lève et après plus de deux heures dans l’eau, il se fait froid et faim.

 

Un peu plus tard dans l’apresm, on visite des spots plus au Nord avec Maja, le vent a un peu pourri les conditions, les vagues ne sont pas propres, ça à l’air assez galère là dehors. Dans la soirée on va vers Fremantle, la petite ville balnéaire en bord de mer de Perth, qui a gardé des anciens bâtiments d’origine dans son architecture, donc son charme, contrairement à Perth, qui fait plus ville moderne à l’américaine.

La fatigue se fait ressentir maintenant, je vais dormir comme une masse sur les 4 heures et quelque du vol (qui part vers minuit), et aussi sûrement toute la journée de demain à Brisbane, histoire d’être frais et dispo pour les soirées avec les copains une fois sur Brisbane. Même si le départ d’Australie ne sera pas très réjouissant.

Dans mon sommeil je reverrai sûrement des vagues de Margaret River, des plages de Coral bay, des fonds marins d’Exmouth ou des routes infinies traversant les étendues désertiques de l « outback » australien. Bonne nuit ZZZzzzz